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Luis de ESCOBAR Las quatrocientas respuestas a otras tantas preguntas [suivi de] La segunda parte de Las quatrocientas respuestas

Luis de ESCOBAR

Las quatrocientas respuestas a otras tantas preguntas [suivi de] La segunda parte de Las quatrocientas respuestas

En casa de Francisco Fernandez de Cordaua, Valladolid 25 mai 1550 et 1552 pour la seconde partie, in-folio (21x29cm), 182f. et (2f.) 245f. - Sig. : A-B8 C10 D-X8 Y-Z6 et A10 B-Z8 aa-gg8 hh5, 2 volumes reliés.


Cinquième édition pour la première partie, l’originale a paru en 1545 chez le même éditeur et dans la même ville, les deux suivantes ont été publiées à Saragosse la même année par Diego Hernàndez puis Jorge Coci et une quatrième édition a été imprimée à Amberes par Martìn Nucio. Rarissime édition originale pour la seconde partie, qui n’a jamais été réimprimée. Une troisième partie était prévue, elle ne vit jamais le jour. Les deux volumes sont parus anonymement, un acrostiche au verso du feuillet cxxxv permet de démasquer l’auteur : « Frey Luys de Escobar » ; ils sont dédiés à Luis Enríquez y Téllez-Girón (1542-1572), sixième amiral de Castille et à son épouse Doña Ana de Cabrera, duchesse de Medina et comtesse de Modica.
Impression gothique sur deux, parfois trois colonnes. Les deux pages de titre, imprimées en rouge et noir, sont aux armes. La page de titre du second volume est rehaussée de rouge et présente une belle lettrine gothique. Marques d’imprimeur au verso du huitième feuillet pour le premier volume et à la fin de la table pour le second.
 
Reliures postérieures (début du XIXème) en plein veau blond aux armes du Vicomte de Strangford (1780-1855), dos à cinq nerfs ornés de dentelles dorées en têtes et en queues, de roulettes à chaud et à froid et de filets dorés, date et lieu dorés en queue, plats frappés en leur centre des armes dorées du bibliophile, d’un double filet doré, d’une large dentelle à froid et de coins à froid en encadrement des plats, roulette dorée sur les coupes et les coiffes, dentelle dorée en encadrement des plats, reliure signée C. Lauffert. J. Coiffes et mors habilement restaurés.
Une restauration de papier malhabile sur la page de titre du premier tome portant atteinte à la gravure et à la lettrine se trouvant au verso, quelques feuillets rognés un peu courts. Coin de la page de titre du second tome habilement restauré, un manque comblé en pied de ce même feuillet, travaux de ver colmatés sur les trois premiers feuillets de table avec une très infime atteinte à une lettre, une petite mouillure au feuillet cxiiij, quelques feuillets brunis. Quelques restaurations de papier – au dernier feuillet du second tome – masquant des travaux de vers engendrant une petite perte de lettres.
 
Notre exemplaire, cité en référence par Brunet, a été vendu lors de la dispersion de la bibliothèque du marquis de Blandford à Londres en 1812. Le bibliographe précise : « un exemplaire complet, poussé jusqu’à la somme de 75 liv. 12 sh. (1,925 fr. environ) », il ajoute : « Cet écrit est un in-folio, dont la rareté est extrême, et dont il ne se trouve peut-être pas trois exemplaires en France. »
 
Dans cet ouvrage, le frère Luis de Escobar (1475-1552 ou 53), se propose de répondre à une suite de quatre cents questions posées par quelques figures importantes de l’aristocratie, dont Fadrique Enríquez de Velasco (1490-1538), oncle du dédicataire et quatrième amiral de Castille. Ces interrogations sont des binômes question-réponse présentés sous la forme de litanies en vers, à l’exception de la fin de la seconde partie qui est rédigée presque exclusivement en prose.
 
Cette tradition des preguntas-respuestas est l’une des formes dominantes de la poésie didactique espagnole et est connue depuis le XVème siècle, notamment grâce au grand écrivain espagnol Jean de Mena (1411-1456), le plus célèbre des auteurs de Cancioneros. Désormais composées en Castillan, plutôt qu’en galaïco-portugais ou en latin, ces sommes poétiques et théologiques sont toujours adressées à de nobles mécènes. Emblématique de l’Espagne catholique Renaissante, elles mêlent tradition orale populaire et savoir encyclopédique élitiste. Ticknor dans son Histoire de la littérature espagnole analyse l’évolution de ce genre littéraire :
« Dans l’origine, de pareilles questions semblent n’avoir été que des énigmes et des pointes : mais, au seizième siècle, elles tendent graduellement vers un caractère plus grave, finissent par prendre une direction absolument didactique. »
Escobar aborde tous les domaines du savoir et son ouvrage, bien qu’essentiellement théologique traite également de médecine, de philosophie, de science, d’histoire, de divertissement ou de vie pratique. Pour ses réponses, il adopte tour à tour un ton dogmatique, prosaïque, moralisateur, et parfois même humoristique voire cynique.
Dans une longue notice du Dictionnaire de la conversation et de la lecture (Paris, Garnier Frères, 1846), Brunet donne, non sans humour, plusieurs exemples de requêtes qui témoignent de cette diversité :
 
« Quel a été le premier écrivain dans le monde ? […] – L’inventeur de l’écriture, répond notre moine, c’est Jubal il vivait avant le déluge il savait qu’Adam avait prédit que le monde serait deux fois détruit par l’eau d’abord par le feu ensuite. Il écrivit sur deux piliers l’un de pierre l’autre de terre ce qu’il désirait transmettre à la postérité de nos jours l’on voit encore le pilier de pierre dans le pays de Sirida. […] – L’Amirante de Castille veut savoir si un enfant a un ange gardien lorsqu’il est encore dans le sein de sa mère ou si le même ange veille à la fois sur la mère et sur l’enfant. – Escobar décide qu’un seul ange suffit "car ajoute-t-il le jardinier qui donne ses soins à un poirier s’occupe aussi des poires dont l’arbre est chargé." […] – Les bêtes jouissent-elles du libre arbitre ? – Dans quelle partie du corps réside l’âme ? – Par où sort-elle au moment de la mort ? – D’autres questions sortent du domaine de la théologie. Les courses de taureaux sont-elles un péché – Oui, c’est péché d’offrir au peuple le spectacle d’une corrida à moins que vous n’y combattiez vous-même. – Parfois on empiète sur le domaine de la médecine. Combien y a-t-il d’intestins (tripus) dans le corps humain ? – C’est une discussion fort malpropre (may suzio platicar) et vous aviez sans doute pris médecine lorsque vous vous êtes saisi d’une semblable question. – Comment faire cesser le mal de dent ? – Prenez une cuillerée de sel, nouez-la dans un linge, trempez le tout dans l’huile bouillante ; laissez-l’y le temps nécessaire pour réciter deux fois le Credo ; appliquez cette décoction sur votre mâchoire souffrante, et vous m’en direz merveilles. – Le frère s’abstenait de sel et de safran. Un de ses correspondants le plaisante sur le goût qu’il avait pour les œufs ; Escobar se fâche, et répond un peu crûment : "Je m’étonne que vous ne mangiez pas de la paille ; celui qui brait doit avoir la nourriture d’un âne." »
 
Ces questions, qui peuvent prêter à sourire et sembler désuètes tant au lecteur du XIXème qu’est Brunet qu’à celui d’aujourd’hui, sont le reflet des préoccupations du XVIème siècle espagnol :
« Tel qu’il est, cet ouvrage, que pas un être aujourd’hui vivant n’a pris, sans doute, la peine de parcourir, et que mentionne à peine Nicolas Antonio, le père de la bibliographie espagnole, cet amas de vers mérite d’être un instant tiré de l’oubli qui le dévore. C’est un indice curieux de ce qu’était le mouvement intellectuel au centre des Castille, au moment où Philippe II montait sur le trône. Aujourd’hui, les questions, les réponses qui forment le gros volume que nous venons de parcourir ne sont plus de circonstance ; d’autres objets préoccupent l’attention publique ; mais est-il un homme en place qui ait l’idée d’aller consulter sur des points scientifiques qu’il ignore un savant courbé sur ses livres, au fond d’une retraite studieuse ?
Nos puissants du jour savent tout sans avoir jamais rien appris. » (op. cit.)  
 
Très bel et rare exemplaire de cet exemplaire de référence décrit par Brunet.
 

VENDU

Réf : 50823

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