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Lettre autographe de Voltaire, enrichie de son paraphe, adressée à son éditeur genevois Gabriel Cramer : "faute horrible, inadvertence affreuse dont les faiseurs de feuilles feraient retentir l'Europe"

VOLTAIRE

Lettre autographe de Voltaire, enrichie de son paraphe, adressée à son éditeur genevois Gabriel Cramer : "faute horrible, inadvertence affreuse dont les faiseurs de feuilles feraient retentir l'Europe"

s.d. (circa 1757-1759), 11,5x19cm, une page.


| « faute horrible, inadvertence affreuse dont les faiseurs de feuilles feraient retentir l'Europe » |



Magnifique témoignage du soin obsessionnel de Voltaire porté à l'édition de ses œuvres et de son souverain mépris pour la presse éphémère. 
Très rare lettre entièrement de la main de Voltaire s'achevant sur un trait de plume rageur en guise de paraphe, 13 lignes à l'encre noire, à son éditeur genevois Gabriel Cramer qui favorisa, souvent clandestinement, la diffusion des écrits et des idées du philosophe des Lumières.

***


Voltaire adresse ce billet à Cramer, horrifié par une faute présente dans les épreuves de son Histoire de l'Empire de Russie (1759-1763) ; il pressent déjà les acerbes critiques des journalistes avides de sensation, baptisés « folliculaires » dans son célébrissime Candide, qui paraît la même année que le premier volume de son Histoire. Au centre du combat des Lumières, Voltaire veut établir une science historique fondée sur des sources directes et fiables, ne laissant pas de place à l'erreur et se démarquant de ses prédécesseurs. Il s'assure auprès de son éditeur de l'exactitude des faits qui constituent sa monumentale entreprise historique, écrite sous l'œil attentif de la tsarine Elizabeth, puis de sa célèbre mécène Catherine la Grande lorsque son second volume paraîtra en 1763.  

CRAMER CONTRE VOLTAIRE

Le destinataire de ce billet, l'éditeur genevois de Voltaire, publia en compagnie de son frère Philibert la quasi-totalité des ouvrages de l'infatigable écrivain entre 1756 et 1775, bravant les foudres de l'Eglise et de la police. Cramer est responsable de l'édition originale du plus célèbre de ses contes Candide ; il publia également ses ouvrages historiques dont l'Histoire de l'Empire de Russie est l'un des plus importants, mais aussi ses scandaleux dictionnaires et ses pièces de théâtre dans lesquelles Cramer jouera avec grand talent dans la demeure de l'écrivain à Ferney.
Durant leur vingt-deux années de collaboration, Voltaire n'hésite pas à adresser d'emphatiques plaintes aux Cramer : « Sans cesse, Voltaire harcèle ses éditeurs. Avec un art consommé, il réclame des épreuves, propose des corrections, proteste contre les fautes typographiques, supplie les Cramer de lui envoyer telle feuille ou de remplacer telle page par un carton » (Robert Gagnebin). Cet « art voltairien » de la correction est ici parfaitement illustré par ce billet à la dramatique verve écrit entre 1757-1759, durant la rédaction de son Histoire de la Russie. Une erreur s'était glissée dans le chapitre narrant la régence de Sophie (1682-1689) concernant l'emplacement du monastère de la Trinité où se réfugièrent les membres de la famille régnante durant une révolte : « voicy bien une autre faute page 105 ligne vingt, à douze lieues de Pétersbourg répond douze lieues de Moscou ».  L'enjeu était de taille, son Histoire ayant été commandée par le comte Shuvalov, favori de la tsarine Elisabeth, afin d'illustrer les succès de l'absolutisme éclairé. Voltaire avait conscience de l'importance d'une étude irréprochable, qui était soumise à l'approbation de la Cour de Russie – très exigeant avec lui-même, il ignorera cependant les corrections de ses censeurs moscovites.

LE PHILOSOPHE ET LES JOURNALISTES

Son Histoire se voulait avant tout une arme au service de l'Idéal des Lumières, se démarquant des biographies, tragédies et récits anecdotiques qui l'ont précédée ; la préface y fait état des écrits de piètre qualité sur la Russie et cite l'Histoire de Charles VI (La Haye, 1743) de La Lande, que Voltaire mentionne également dans le présent billet. Préférant maintenir sa critique de La Lande dans sa préface, Voltaire refuse cependant de transiger avec ses propres corrections : « J'aime encor mieux un carton à ce feuillet qu'à la préface. On peut trouver Lalande un mauvais écrivain, mais il ne faut pas se tromper. » Ce billet fait donc partie intégrante de l'intense travail de relecture de l'écrivain afin de se prémunir de ses nombreux détracteurs. Comme il l'écrira quelques années plus tard au compte d'Argental, « les caractères imprimés parlent aux yeux bien plus fortement qu'un manuscrit. On voit le péril bien plus clairement ; on y court, on fait de nouveaux efforts, on corrige, c'est ma méthode ». 
Outre les censeurs des tsars, Voltaire se sentait – à raison – sous les feux de la critique des journalistes, ces « faiseurs de feuilles [qui] feraient retentir l'Europe » selon l'expression employée dans le billet. Voltaire leur attribua divers quolibets dans ses écrits les plus célèbres et sa correspondance : « serpents de la littérature qui se nourrissent de fange et de venin » (Candide), « moucherons qui vont déposer leurs oeufs dans le derrière des plus beaux chevaux » (lettre à Condorcet). Son avis au lecteur pour l'Histoire de la Russie contiendra même une expression similaire à celle employée dans le billet : "il faut laisser aboyer les petits faiseurs de brochures", qui aboieront justement dès la sortie du premier volume, sous la forme d'un pamphlet intitulé Lettre du tsar Pierre à M. de Voltaire sur son Histoire de Russie.
Superbe billet paraphé par le philosophe des Lumières, témoin d'encre et de papier de la grande aventure éditoriale de Voltaire, de son incomparable style et de son souci de l'exactitude dans son oeuvre.

"Voicy bien une autre faute page 105 ligne vingt, à douze lieues de Petersbourg, répond douze lieues de Moscou, faute horrible, inadvertence affreuse dont les faiseurs de feuilles feraient retentir l'Europe. J'aime encor mieux un carton à ce feuillet qu'à la préface. On peut trouver Lalande un mauvais écrivain, mais il ne faut pas se tromper."

 

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