Librairie Le Feu Follet - Paris - +33 (0)1 56 08 08 85 - Kontakt - 31 Rue Henri Barbusse, 75005 Paris

Alte Bücher - Bibliophilie - Kunst


Verkauf - Einschätzung - Einkauf
Les Partenaires du feu follet Ilab : International League of Antiquarian Booksellers SLAM : Syndicat national de la Librairie Ancienne et Moderne






   Erste Ausgabe
   Signiert
   Idée cadeaux
+ mehrere Kriterien

Suchen durch 31432 seltene Bücher :
erste Auflagen, alte Bücher von dem Inkunabel bis dem XVIII Jahrhundert, moderne Bücher

Detailsuche
Anmeldung

Verkaufskonditionen


Bezahlungsmitten :

Sichere Zahlung (SSL)
Checks
Trasferimento bancario
Verwaltungsmandat
(FRANKREICH)
(Museum und Bibliotheken)


Lieferungsfristen und -preise

Verkaufskonditionen

Signiert, Erste Ausgabe

Georges ROUAULT Manuscrit autographe illustré de dessins originaux

Georges ROUAULT

Manuscrit autographe illustré de dessins originaux

s.d. [1918-1921], 26x31cm, 13 pages sur 9 feuillets. Relié..



« Nous faisons un art muet disait le vieux Poussin, en effet, nous nous exprimons avec des formes et des couleurs ».




 



Manuscrit autographe original de Georges Rouault illustré d'importants dessins originaux à l'encre.
15 pages manuscrites à l'encre sur 9 feuillets montés sur onglets dans un album. 4 compositions à l'encre et aquarelle : le visage du Christ, 2 esquisses de nus féminins biffés, une silhouette d'animal. Nombreux repentirs, ratures, biffures en aplats d'encre, deux paragraphes contrecollés. Premier feuillet effrangé en marge, discrète restauration en marge intérieure du premier feuillet.  Deuxième plat de couverture du cahier original conservé. Reliure à la Bradel noire et titre doré au dos.

Version inédite de la préface de Souvenirs intimes (1927), probablement écrite vers 1918-1921 et absente de l'ouvrage des écrits de Rouault (Christine Gouzi, Soliloques d'un peintre. Georges Rouault, 2022).   
 
Manuscrit hors du commun du maître incontesté de l'art sacré moderne, dans lequel l'écrit se fait dessin et les ratures se font art. Le texte inédit de 15 pages, sublimement corrigé par de grands aplats de plume s'accompagne de 4 compositions préparatoires à l'encre certainement pour son illustration des Fleurs du Mal gravée en 1926, et pour Miserere, son plus célèbre ensemble d'estampes réalisées dans les années 1917-1922. Le manuscrit contient une de ses premières études de la Sainte-Face du Christ pour Miserere, l'une des images les plus emblématiques de son œuvre, portant en elle toute la souffrance de l'Humanité.
Véritable exutoire du peintre mystique, ce cahier à dessin mêle réflexions personnelles, considérations sur l'histoire de l'art et souvenirs des grandes figures artistiques du XIXe siècle qu'il a pour la plupart personnellement côtoyées : Degas, Cézanne, Gustave Moreau, Huysmans.
 

Ce manuscrit de travail au ton extrêmement personnel était destiné à introduire son plus grand texte, Souvenirs intimes, qui ne sera publié qu'en 1927. Il diffère totalement du texte final de la préface, qui ne serait même pas de sa main : « Il est probable que [André] Suarès ait réécrit l'ensemble de la préface publiée. Le ton et l'écriture sont très différents de ceux que l'artiste emploie habituellement, notamment dans plusieurs préfaces avortées […] Plus libres à des yeux contemporains que celle qui fut choisie en dernier lieu, elles explicitent les visées et les choix littéraires du peintre » (Christine Gozzi, Soliloques d'un peintre, p. 167). Il y expose ici sa propre vérité sur les grands maîtres de la peinture qui ont marqué ses débuts aux Beaux-Arts, dans le Paris dominé par le symbolisme et la peinture d'Ingres.  Le manuscrit présente une grande proximité d'écriture et de thèmes avec des cahiers manuscrits conservés à la fondation Georges Rouault datés de 1918-1921 (ibid, p. XLVIII-XLIX).
Par ce savant mélange entre la main du peintre et de l'écrivain, Rouault renouvelle la tradition chrétienne des manuscrits enluminés, tout en étant héritier de siècles d'art sacré, où l'artiste est miroir du divin. L'écriture nerveuse du manuscrit s'articule autour des œuvres à l'encre, notamment une saisissante Sainte-face au feuillet n°7, qui constitue certainement une des premières études de ce motif pour Miserere, son célèbre ensemble de 58 planches en camaïeux de noir et gris débuté pendant les jours les plus sombres de la Première Guerre mondiale. Il n'est pas anodin qu'une de ses récentes expositions porte le nom de « Mystic Masque » (McMullen Museum of Art) qui se dévoile ici dans ce cahier inédit : les traits divins, entourés d'une auréole non retenue dans les gravures, font écho au voile de sainte Véronique (Et Véronique au tendre lin passe encore sur le chemin) ou encore à sa planche intitulée Les ruines elles-mêmes ont péri, toutes deux parues après maints remaniements en 1948. Le cahier rassemble sainteté et décadence à travers les traits d'une femme alanguie (f. 6) rappelant ses illustrations de nus féminins pour les Fleurs du Mal, chef d'œuvre d'un artiste maudit dont il se sentait proche. Le peintre a noirci de texte le feuillet 5 autour d'une encre au profil animal, marquée par des traits en plein mouvement. Radicalement opposée aux figures hiératiques qu'on lui connaît, il n'a pas été possible d'identifier dans le corpus de l'artiste cette encre aux aplats fougueux, rappelant presque l'art japonais. Au verso du premier feuillet, une silhouette féminine se dévoile à peine à travers les coups de pinceaux vengeurs d'un Rouault perpétuellement insatisfait.

Rouault confia lui-même dans une lettre à André Suarès à quel point l'introduction de Souvenirs intimes lui fut difficile à mettre en mots (2 septembre 1925). Le manuscrit est truffé de paperoles et d'épais traits d'encre, véritable témoignage du combat intérieur entre le peintre et le théoricien : « Je n'ai ni théorie préconçue ou matérialiste à faire triompher mais essayer d'être vrai. Ces artistes ne peuvent avoir entre eux aucun lien et des qualités très diverses, opposés même, à part Cézanne, je les ai tous connus [..] J'ai un respect infini pour l'œuvre, l'amoureux effort pas une pensée servile à l'égard des plus grands. Je ne crois pas dans les choses nouvelles, je cherche encore à vivre dans l'intimité de la pensée des hommes dont je vais parler ».
Le parcours de Rouault, sans équivalent dans l'ère moderne, l'a exclu des mouvements artistiques de ses contemporains et ses prédecesseurs. Fort de sa position d'artiste indépendant et inclassable, il parle d'une cohorte de peintres placés au panthéon des arts : « […] je ne tiendrai point compte de ces contingences n'ayant aucun souci de plaire ou de déplaire. Je me désire, humble vis à vis de l'art, (sans trop oser y croire), d'une absolue franchise vis à vis des hommes si grands soient-ils […] Au point de vue de ma conscience d'artiste, c'est une dette que je crois devoir payer. Après la mort d'un artiste tout devient si faux si mal interprété, si déformé. Je ne suis qu'un témoin et je fournis des documents à des gens plus forts que moi, ils en feront ce qu'ils voudront, et cela va au néant si c'est nul, je n'y peux rien. »
Dans le manuscrit, il établit un véritable réquisitoire contre la vieille garde du XIXe siècle, et exprime des opinions très radicales absentes du texte publié, qui sera un simple dialogue édulcoré probablement écrit par André Suarès.  Rouault oppose ici ses peintres favoris – Moreau, Cézanne – aux plus archaïques de ses contemporains : « Cézanne personnage romantique par certains côtés grotesque pour les bourgeois mais touchant pour nous les autres artistes […] Cézanne associe l'homme intérieur à la nature en disant dans les deux sens « Sursum Corda » ; « Pour Gustave Moreau quand je parle de lui […] je me suis essentiellement servi de notes particulières prises de son vivant par moi, intimité précieuse et trop flatteuse pour moi (j'allais passer avec lui deux et parfois trois soirées par semaine) et une mémoire me permettant peut-être de faire mieux revivre mon bien aimé patron dans la mesure de mes faibles moyens ». Il vilipende Ingres « Ingres nous donne sa volontaire forte et tranchante loi jusqu'au rigorisme protestant de la forme et l'épuration poussée jusqu'à la manie ! » et méprise l'admiration aveugle de Degas pour ce dernier, considérant leur obsession pour la ligne comme une impasse de la représentation : « Degas cherche dans la nature et chez St Dominique Ingres ses appuis. Il est déçu, se venge et lance ses flèches sur les contemporains aussi il se font tous passer pour de petits St Sébastien, toutes les dames du Salon le jugent sévèrement, il s'en fout. » Pourtant proche des écrivains catholiques, il fait peu de cas des talents de critique d'art de Huysmans  : « Pour J. K. Huysmans la nature ne l'intéresse guère et il aime mieux regarder à son mur le Voyage en Egypte du vieux graveur Bresdin le Chien-Caillou que le moindre horizon de sa fenêtre. » 
 

Unique et d'une esthétique saisissante, ce manuscrit se fait le témoin de la longue genèse des grands œuvres gravés de Rouault, Miserere et Les Fleurs du Mal, tout en révélant le talent d'un peintre amoureux des mots et conteur des arts de son époque. Rouault, qui s'est attelé à trouver « une écriture en peinture » achève dans ce manuscrit une union parfaite de ces deux mediums, par ces traits d'encre où la main du peintre et de l'écrivain ne font plus qu'un. Le manuscrit représente un pan de l'histoire de l'art que l'artiste livre dans ces pages remarquables qui nous offrent sans doute une de ses premières représentations du Christ en majesté. 



VERKAUFT

Réf : 81450

Eine Alert einsetzen


On-line Hilfe