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Marcel PROUST Lettre autographe signée au dramaturge René Péter à propos de Paul Hervieu, futur Swann de la Recherche du Temps Perdu : "ce mur qui sépare chez lui la vie littéraire et la vie mondaine"

Marcel PROUST

Lettre autographe signée au dramaturge René Péter à propos de Paul Hervieu, futur Swann de la Recherche du Temps Perdu : "ce mur qui sépare chez lui la vie littéraire et la vie mondaine"

Paris printemps 1905, 22,7x17,5 cm, 3 pages sur un feuillet remplié.


« […] c'est demander à M. Painlevé de faire que la rotation de la lune autour de la terre soit un peu moins rapide pour faire plaisir à Madame de Noailles ! »
 


Lettre autographe signée de Marcel Proust, 3 feuillets à l'encre noire, seulement partiellement retranscrite dans Kolb, V, p. 33, n. 7.
Provenance : bibliothèque personnelle du président Georges Pompidou.

Belle missive pleine d'esprit de celui qui n'est pas encore l'auteur de La Recherche, mais déjà un fin observateur de caractères, et qui, sous prétexte de préoccupations mondaines, croque déja plusieurs futurs personnages centraux de son chef d'œuvre tout en entretenant la confusion sur sa propre vie affective.
Marcel Proust tente en effet, avec une ténacité démesurée, d'obtenir un rôle pour le compte d'une obscure amie de Louisa de Mornand avec qui il entretient volontairement des relations ambiguës et qui prêtera bientôt ses traits à Rachel, la cocotte et maîtresse de Robert de Saint Loup dans la Recherche du temps perdu.
La relation entre l'actrice et l'écrivain demeure auréolée de mystère. Louisa de Mornand mérite certainement le titre de « muse littéraire », sa liaison avec le marquis d'Albufera, qui a inspiré Robert de Saint-Loup, laissant même penser qu'ils formèrent jadis avec Proust un triangle amoureux. Au moment de la rédaction de cette lettre, l'actrice se remet d'une rupture difficile avec le marquis, épisode que l'on retrouve dans Le côté de Guermantes entre leurs alter ego Saint-Loup et Rachel. Ce hiatus donna l'occasion à Proust de lui témoigner de nombreuses marques d'affection, parfois ouvertement tendancieuses, qui eurent le don de confondre ses contemporains et ses biographes quant à la nature de leurs rapports. Ainsi George D. Painter évoquera de « tendres liaisons », tandis que William C. Carter préfèrera le terme de « relation de façade », que Proust entretenait afin de cacher ses vraies affinités. 
Pour aider l'amie de son amie, Proust se dit donc prêt à faire appel, en dernière instance, au co-auteur de la pièce, son très proche complice Paul Hervieu. Malgré leur grande intimité, Proust ironise sur le tempérament difficile de Hervieu, dont le caractère et les humeurs lui inspireront très bientôt le personnage de Charles Swann. « Il est vrai qu'avec le caractère d'Hervieu, lui demander au nom de relations banales (ce serait au nom de la plus tendre amitié que ce serait identique) de choisir je ne dis même pas telle interprète, mais simplement la couleur d'un rideau, c'est demander à M. Painlevé de faire que la rotation de la lune autour de la terre soit un peu moins rapide pour faire plaisir à Madame de Noailles ! » Au détour de ce bon mot, l'écrivain mentionne ainsi la célèbre et fantasque poétesse qu'il immortalisera, cette fois, dans Jean Santeuil. On reconnaît ici la plume du journaliste du Figaro, pleine de comparaisons vivaces et de piques. Il n'est d'ailleurs pas anodin qu'il mentionne Paul Painlevé et la comtesse de Noailles, qui étaient amis de longue date. Le mathématicien ne devait pas être insensible aux charmes de la comtesse de Noailles, ses admirateurs ayant la réputation de remuer ciel et terre dans l'espoir d'obtenir ses charmes.
Malgré cette difficulté « insurmontable », Proust affiche sa détermination à satisfaire la requête de Louisa de Mornand : « mais enfin dussé-je me heurter à ce mur qui sépare chez lui [Paul Hervieu] la vie littéraire et la vie mondaine, j'essaierai tout de même, si vos plus puissants agents ont échoué. ». Savoureuse plainte de celui qui, pour sa part, fera bientôt entrer toute entière la société mondaine dans la Littérature.
Parfait intrigant mondain, Proust joue les intermédiaires en véritable virtuose, évoquant de multiples tentatives passées et futures : « si mes démarches n'aboutissent pas, il me restera une ressource que j'ignorais. » et se plait à instiller dans sa courte missive les noms de ses nombreux et influents amis qui formeront bientôt le cœur d'une des œuvres majeures du XXème siècle.
Beau témoignage de l'immersion de Proust dans le cénacle du théâtre parisien, qui nourrit de nombreux portraits psychologiques de la Recherche du temps perdu, notamment ceux de Swann et de l'actrice-fille de joie Rachel.


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Réf : 70402

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