Librairie Le Feu Follet - Paris - +33 (0)1 56 08 08 85 - Nous contacter - 31 Rue Henri Barbusse, 75005 Paris

Livres anciens - Bibliophilie - Œuvres d'art


Vente - Expertise - Achat
Les Partenaires du feu follet Ilab : International League of Antiquarian Booksellers SLAM : Syndicat national de la Librairie Ancienne et Moderne






   Edition originale
   Autographe
   Idée cadeaux
+ de critères

Rechercher parmi 31424 livres rares :
éditions originales, livres anciens de l'incunable au XVIIIè, livres modernes

Recherche avancée
Inscription

Conditions de vente


Moyens de paiement :

Paiement sécurisé (SSL)
Chèques
Virement bancaire
Mandats administratifs
(Musées et Bibliothèques)


Délais et tarifs de livraison

Conditions générales de vente

Autographe, Edition Originale

Luis BUNUEL Nazarin - Tapuscrit original personnel de Luis Buñuel accompagné du programme, signé par le même, distribué lors de la première américaine du film le 18 mai 1960

Luis BUNUEL

Nazarin - Tapuscrit original personnel de Luis Buñuel accompagné du programme, signé par le même, distribué lors de la première américaine du film le 18 mai 1960

1958, 21x32cm, 104 ff., relié.


Tapuscrit original de Luis Buñuel de 104 feuillets. Exemplaire personnel de l'auteur avec sa signature, au stylo bille, en bas à droite de la couverture. Annotations manuscrites (calculs) du même au verso du dernier feuillet. On joint le programme distribué lors de la première américaine du film le 18 mai 1960, signé de la main de Luis Buñuel en bas au verso de la seconde page.
Reliure réalisée à la demande de Luis Buñuel en plein cartonnage recouvert de papier rouge, dos lisse orné de filets et du titre argentés.
Quelques très infimes frottements sur la reliure. Un petit manque angulaire sur le premier plat de couverture légèrement jauni en marge.
Adapté du roman de l'Espagnol Benito Pérez Galdós (1843-1920), Nazarìn se déroule au Mexique en 1900, pendant le règne du dictateur Porfirio Diaz. Don Nazario, humble prêtre de village, suit les préceptes du Christ et se sacrifie pour les indigents et les proscrits. Incompris, méprisé et maltraité, il prend la fuite avec deux femmes, la criminelle Beatriz et la prostituée Andara.
Traversant la campagne mexicaine, l'humble pèlerin se confronte à la violente réalité du peuple qui pervertit son message christique.
Ainsi se faisant embaucher sur un chantier en ne réclamant pour seul salaire qu'un peu de nourriture, il provoque la colère des autres ouvriers. Plus tard, il sera tour à tour crédité de la guérison miracle d'une enfant et rejeté par une pestiférée préférant encore au seuil de la mort, le souvenir de l'amour charnel aux promesses des sacrements divins.
Don Nazario termine seul, les femmes qu'il a tenté de protéger retournant à leur vice et leur souffrance.
Le film se clôt sur une scène montrant la marche sous escorte policière du pèlerin hagard, surpris par l'aumône d'une marchande des quatre-saisons et comme assourdi par les roulements de tambours de la bande son.
En filmant la vie de cet improbable Christ inconciliable avec la réalité exécrable de notre monde, Buñuel signe l'un de ses films les plus naturalistes et impitoyables, récompensé en 1959 par le grand prix du jury du Festival de Cannes.
Luis Buñuel, admirateur des ouvrages de Benito Pérez Galdós, choisit – à l'instar de Tristana (1963), adapté lui aussi de l'écrivain – de transposer les lieux de l'intrigue, cette fois-ci de l'Espagne au Mexique. Freddy Buache, biographe de Buñuel note : « Il peut donner l'impression d'avoir illustré sans trahison le texte de Galdós et, pourtant, par quelques inflexions ou par l'ajout de quelques scènes qui dérivent de son invention personnelle, il en change complètement la signification générale qu'il intègre, comme toujours, dans le système de sa propre réflexion. » (Freddy Buache, Buñuel, Lyon, 1964)
Buñuel avait acheté les droits de Nazarìn dès 1947 mais, faute d'avoir pu réunir assez d'argent pour réaliser immédiatement le film, il fut contraint de les revendre au producteur Manuel Barbachano Ponce. Le scénario achevé, il cherchera en vain l'acteur à la hauteur de ses exigences pour incarner le rôle-titre et c'est finalement son producteur qui lui présentera Francisco Rabal.
Le script que nous proposons est une version primitive qui diffère en plusieurs points, notamment par une scène coupée au montage, qui met en lumière le processus de sanctification du personnage, rebaptisé Nazarìn dans une scène christique avec des Indiens. Cette scène 88 est une clé de lecture du scénario, volontairement supprimée par Buñuel dans le film, qui choisit l'appellation « Don Nazario » pour désigner son personnage, laissant de côté le nom qu'il conservera pourtant pour le titre du film.
De même, le script s'achève un peu plus tôt que le film, lors de la longue marche de Don Nazario et de son geôlier, la scène finale de la marchande de quatre-saisons offrant un ananas au pèlerin assoiffé n'a été ajoutée qu'au moment de la réalisation. Or cette scène énigmatique s'avère une véritable réécriture symbolique de la vie de Don Nazario.
En s'achevant sur la déchéance et la marche aveugle du personnage principal, le scénario de Buñuel offre au spectateur une conclusion pathétique à la vie de ce Christ quichotesque, dont le seul miracle n'était sans doute qu'une simple coïncidence. Abandonné de tous, il marche seul, croisant seulement Beatriz qui passe à côté de lui « les yeux fermés » aux bras de son ancien et violent amant.
C'est sur cette scène que s'achève le scénario original. Conclusion nihiliste dans laquelle les tentatives de Nazarìn sont réduites à néant. La marche solitaire, les yeux fermés de Beatriz et jusqu'à l'inattention du garde, soulignent, dans le scénario, l'incapacité du personnage à agir sur une réalité qui lui échappe totalement :
« Sur son visage on note une grande douleur qui le domine, calmement, sans que l'homme avec qui il marche s'en rende compte, il commence à pleurer, finalement vaincu par une anxiété infinie » (« En su rostro se nota el grand dolor que lo domina. Muy quedo sin que el hombre que va con èl se dé cuenta, comienza a sollozar, vencido al fin, por una ansiedad infinita. »)
Cette angoisse fondamentale de l'Homme confronté à l'absence de Dieu, est celle du surréaliste Luis Buñuel qui marquait ainsi originellement, à l'instar de Cervantès, la grande défaite du rêveur face à l'exécrable réalité. Offrant un final pathétique à son héros, il concluait le scénario par cette marche absurde et désespérée : « Don Nazario sanglote en marchant » (« Don Nazario sollozando mientras camina. »)
En ajoutant la scène de la marchande, Buñuel transforme radicalement la symbolique du personnage qui, lui-même, marque son incompréhension devant cette offrande inattendue.
Les quelques instants de refus du don par Don Nazario sont ceux de l'hésitation de Buñuel entre la tragédie et le drame. Car en acceptant l'aumône du fruit acide qui est tout à la fois la couronne d'épine et le fiel de la Passion, Nazarìn reprend son aura christique. Dès lors, sa marche devient un chemin de croix, que Buñuel signe symboliquement par une bande-son de tambours tonitruants, inspirée des souvenirs des processions chrétiennes de Calanda qui ont marqué son enfance. Il les évoque notamment dans Mon dernier soupir : « Je me suis servi de ces battements profonds et inoubliables dans plusieurs films, en particulier dans l'Age d'Or et dans Nazarìn. »
Buñuel est ainsi passé d'une écriture primitive profondément pessimiste à une réalisation plus ambivalente qui s'achève sur un Don Nazarìn sans doute fou, mais qui, échappant à la domination du réel, n'est plus « finalement vaincu par une anxiété infinie ».
 

VENDU

Réf : 61805

Enregistrer une alerte


Assistance en ligne