Maurice BEJART (Vaslav NIJINSKY)
Notes préparatoires manuscrites pour le spectacle "Nijinski : clown de dieu" : textes du journal de Nijinski
s.d. [ca 1971], 21x29,7cm, 3 feuillets filigranés.
« Je suis Nijinsky,
celui qui meurt s'il n'est pas aimé. »
Manuscrit autographe du chorégraphe Maurice Béjart.
Trois feuillets, 60 lignes rédigées au stylo noir.
Notes préparatoires manuscrites de Maurice Béjart pour son spectacle en hommage au danseur Nijinski, intitulé Nijinski : Clown de Dieu. Béjart y recense les extraits du journal de Nijinski destinés à être lus pendant la représentation, en indiquant leur place dans le ballet.
En 1971, Maurice Béjart crée le « Clown de Dieu », ballet consacré à Vaslav Nijinski, célèbre danseur et chorégraphe russe d'origine polonaise. L'œuvre retrace la lente descente aux enfers d'un jeune homme en recherche de spiritualité, d'amour et de vérité, en faisant également référence aux rôles les plus célèbres de la brève et fulgurante carrière de Nijinski : le Spectre de la rose, Shéhérazade, Petrouchka, et L'Après-midi d'un faune. Le ballet fut interprété par sa fidèle troupe du Ballet du XXème siècle, sur une musique de Tchaïkovski et du compositeur de musique électroacoustique Pierre Henry. Le chorégraphe espérait ainsi contribuer à la renommée de ce danseur à la grâce physique légendaire, qui sombra dans la folie à partir des années 1920.
Béjart emploie au cours du spectacle des extraits du journal de Nijinski lui-même, qui furent récités par Laurent Terzieff lors de sa création au palais des sports de Forest national à Bruxelles. Dans ce manuscrit de travail, le chorégraphe copie chaque citation en indiquant son placement dans le ballet (« avant pas de deux »), ou l'intonation du narrateur (« 3 fois Très fort. Moyen. puis intérieur »).
Nijinksi, alors au bord de la folie, avait écrit ce journal emprunt de réflexions mystiques et d'introspections pendant l'hiver 1918-1919, peu avant d'être interné. Béjart le qualifiera dans une interview de « document humain et social bouleversant » et s'en inspira également pour le titre du ballet Clown de Dieu. Les passages sélectionnés par Béjart dans ce manuscrit reviennent sur les moments heureux de la vie du danseur – son mariage avec Romola de Pulszky (« L'amour que j'éprouvais en me mariant n'était pas sensuel. Il avait un caractère d'éternité ») et évoquent le tragique destin d'un homme dont la sensibilité causa sa perte : « Je suis chair et sentiment, Dieu en chair et sentiment... Je suis une Colombe. »
Provenance : archives personnelles de Maurice Béjart.