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Autographe, Edition Originale

Louis-Ferdinand CELINE Voyage au bout de la nuit

Louis-Ferdinand CELINE

Voyage au bout de la nuit

Denoël & Steele, Paris 1932, 12x19cm, broché.


Édition originale, un des exemplaires du service de presse.
Notre exemplaire est présenté dans un coffret signé Julie Nadot reproduisant la couverture de l'ouvrage.
L'exemplaire ayant, semble-t-il, accompagné Bardamu à travers ses violentes pérégrinations a été très habilement restauré, et certains feuillets, trop abîmés, ont été changés, ce qui était nécessaire pour préserver cet unique témoin d'une rencontre exceptionnelle et inattendue entre le Soleil et la Nuit.
Rare et précieux envoi autographe signé de Louis-Ferdinand Céline: «Hommage de l'auteur à monsieur Georges Bernanos. Louis Céline.»
Lorsque le Docteur Destouches, athée convaincu et convaincant, adressa au célèbre écrivain catholique un exemplaire du service de presse de son premier roman, il ne pouvait espérer que l'auteur de Sous le Soleil de Satan appréciât son exploration nihiliste de l'âme humaine. Et c'est sans doute plus à son goût de la provocation que l'on doit ce laconique et déférent hommage de « Louis Céline » à « Monsieur Georges Bernanos ». Peut-être même espérait-il en secret, à travers une réaction offusquée de l'écrivain et critique littéraire du Figaro, quelque déchaînement médiatique de la communauté catholique. Quelle meilleure opportunité pouvait espérer le jeune écrivain de confronter sa Nuit au Soleil de son illustre pair, et ainsi d'imposer son roman comme une réponse à l'inertie tragique de l'abbé Donissan par le voyage infernal du poilu Ferdinand ?
Mais c'est André Rousseaux qui rendit compte initialement du Voyage dans les pages littéraires du Figaro et qui étrilla « les six cents pages de ce livre horrible » (c'est à ce même critique avisé que l'on devra quelques années plus tard une autre fine analyse : « rien de plus navrant que L'Étranger de M. Albert Camus. »). A sa décharge, le critique ne faisait que hurler avec les loups puisque malgré l'engouement de certains, même les futurs « amis politiques » du sulfureux écrivain étaient encore loin de lui vouer une admiration sans borne. Cependant que Charles Maurras augurait à Céline une gloire éphémère : « rien de plus saisonnier que ce genre de réputation », Lucien Rebatet avouait « y déceler des longueurs », Robert Poulet en appréciait seulement « les vertus hilarantes » et Robert Brasillach ne voyait Le Voyage que comme « une sorte d'épopée de la catastrophe et de l'injure », à ranger avec dédain au rayon des romans-fleuves. Et, malgré les espoirs de Céline, le 7 décembre, l'Académie Goncourt, secouée d'une rare polémique, refusera prudemment de célébrer une œuvre si noire et anarchiste.
Or dans ce chaos médiatique et moral qui fut surtout prétexte à des combats idéologiques, une voix inattendue s'élèvera en faveur du roman, celle de Georges Bernanos qui, trois jours après la longue et stérile diatribe de son collaborateur, rédigera dans les mêmes colonnes du Figaro, une des plus belles et précoces analyses du chef d'œuvre de Céline et de son « langage inouï, comble du naturel et de l'artifice ».
« M. Céline a raté le prix Goncourt. Tant mieux pour M. Céline. […] Pour moi, j'ai un devoir à remplir, non pas certes envers M. Céline qui me paraît capable de faire face tout seul à n'importe quelle conjoncture, mais envers un public que risque de prendre au dépourvu un livre dont aucun homme sensé ne recommandera la lecture à sa femme et moins encore à sa fille. Nous dirons un autre jour, ou nous laisserons à de plus qualifiés que nous, le soin de dire ce que l'artiste peut penser d'une œuvre extraordinaire, comparable au déroulement du flot dans la nuit noire, lorsque paraît et disparaît sans cesse, à chaque palpitation simultanée du vent et de la mer, la frange livide de l'écume. Que ce grand mouvement de poésie passe ou non inaperçu de mes contemporains, cela ne m'importe guère, non plus, je suppose, qu'à M. Céline. J'essaie simplement de calculer sa puissance et sa portée, déjà mesurables d'ailleurs à certains grondements souterrains et à l'ébranlement de plusieurs gloires usurpées.
M. Céline scandalise. à ceci, rien à dire, puisque Dieu l'a visiblement fait pour ça. Car il y a scandale et scandale. Le plus redoutable de tous, celui qui coûte encore le plus de sang et de larmes à notre espèce, c'est de lui masquer sa misère. Jamais cette misère n'a été plus pressante, plus efficace, plus savamment homicide, avec un tel caractère de diabolique nécessité, mais jamais aussi elle ne fut à ce point méconnue. […]
Pour nous la question n'est pas de savoir si la peinture de M. Céline est atroce, nous demandons si elle est vraie. Elle l'est. Et plus vrai encore que la peinture ce langage inouï, comble du naturel et de l'artifice, inventé, créé de toutes pièces à l'exemple de celui de la tragédie, aussi loin que possible d'une reproduction servile du langage des misérables, mais fait justement pour exprimer ce que le langage des misérables ne saura jamais exprimer, leur âme puérile et sombre, la sombre enfance des misérables. Oui, telle est la part maudite, la part honteuse, la part réprouvée de notre peuple. Et certes, nous conviendrons volontiers qu'il est des images plus rassurantes de la société moderne, et par exemple l'image militaire : à droite les Bons Pauvres, gratifiés d'un galon de premier soldat, de l'autre côté les Mauvais, qu'on fourre au bloc... Seulement n'importe quel vieux prêtre de la Zone, auquel il arrive de confesser parfois les héros de M. Céline, vous dira que M. Céline a raison. »
(Georges Bernanos, in Le Figaro du 13 décembre 1932)
 

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Réf : 71005

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