Antoni TAPIES
Ramon LLULL
LLull-Tàpies
Daniel Lelong & Carles Taché, Barcelona 1985, 36x50cm, en feuilles sous coffret.
Très rare édition originale du plus important livre d'artiste réalisé par Antoni Tàpies.
Un des 120 exemplaires numérotés sur vélin d''Arche et justifiés à la main par l'artiste au colophon, composé de 25 gravures originales dont deux justifiées et signées au crayon par Antoni Tapiès, seul tirage après 45 exemplaires de tête enrichis d'un monotype. Notre exemplaire est bien complet du tiré à part de la version française du texte).
Emouvant envoi autographe signé d'Antoni Tapiès enrichi d'un dessin au crayon de la main de l'artiste - au sens littéral – sur laquelle est posée un cœur, adressé à son proche ami et plus grand spécialiste français de son travail, l'écrivain et essayiste Georges Raillard.Raymond Lulle, philosophe et poète catalan du XIIIème siècle, considéré comme le premier grand écrivain en langue catalane, exerça une influence majeure sur la pensée et sur l'œuvre d'Antoni Tapies qui possédait de nombreux et importants ouvrages anciens du penseur mystique dans sa bibliothèque.
C'est en 1973 que Tàpies décida d'entreprendre la réalisation de cet ouvrage monumental qu'il n'achèvera qu'en 1985, à la fois hommage rendu au compatriote par son héritier spirituel et mise en regard de leurs communes explorations métaphysiques. Cette affinité, au-delà des siècles, entre l'artiste moderne et l'écrivain médiéval, confère à ce travail de 10 ans une dimension particulière dans l'œuvre de Tàpies.
L'artiste catalan a ainsi souhaité réaliser un « livre d'artiste » au sens complet, partant à la rencontre de l'objet-livre, support de la pensée littéraire, en exploitant l'ensemble des modes d'expression de la pensée plastique : le trait, la couleur, la matière, le relief et jusqu'à la « taille » de la feuille.
Plus qu'une confrontation entre le texte et l'image, Tàpies instaure ici un véritable dialogue scriptural et graphique entre la « clarté ravagée » de son œuvre et la « sagesse occulte » des écrits Raymond le Fou, comme l'écrit Pere Gimeferrer dans son introduction.
« La convergence de ces deux mondes – verbal et plastique – nous donnera à voir leur affinité révélatrice. Dialogue de deux voix qui brandissent des torches au seuil d'un silence auguste et lointain. »