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Autographe, Edition Originale

Ernest HEMINGWAY Photographie originale dédicacée d'Ernest Hemingway : "A mon vieux et cher ami Adolphe Lévèque "

Ernest HEMINGWAY

Photographie originale dédicacée d'Ernest Hemingway : "A mon vieux et cher ami Adolphe Lévèque "

S.n., s.l. [Pérou] s.d. (Mai 1956), 10x15,5cm, une feuille.


Photographie originale en tirage d'époque, représentant Ernest Hemingway posant aux côté d'un imposant marlin qu'ils vient de pêcher.
Précieuse dédicace autographe rédigée du Pérou en 1956 et signée d'Ernest Hemingway à Adolphe Lévèque (1902-1975), chef barman du paquebot Ile-de-France : «A mon vieux et cher ami Adolphe Lévèque ».
Cette scène de pêche offerte à un modeste barman synthétise, sous son apparente simplicité, toutes les passions et l'esprit du plus célèbre écrivain américain de son époque.
La photographie a été prise lors du tournage de l'adaptation du Vieil homme et la mer. Hemingway y était alors conseiller technique, à la fois en qualité de pêcheur et d'écrivain.
John Sturges, le réalisateur, désespérant de n'avoir aucun marlin géant à filmer à Cuba se rendit au Pérou, accompagné d'Hemingway, à la recherche du fabuleux animal : « Ils parlaient de se rendre en avion à Cabo Blanco, au Pérou, où disait-on, les marlins pesaient en moyenne 500 kilos et adoptaient ce comportement de grand seigneur qu'avait celui du roman d'Ernest. » (Carlos Baker, Hemingway histoire d'une vie. 2/1936-1961). Laissant de côté la rédaction de son journal africain, Hemingway rêvait de vivre l'aventure de son héros, et de ferrer comme lui un marlin géant. Comme Santiago, il passa d'ailleurs plusieurs semaines bredouille pour enfin « ramener près du bateau un poisson de plus de trois cents kilos avant de lâcher de la ligne pour que le marlin exécute une douzaine de jolis bonds au bénéfice des opérateurs de prises de vue. » Ironie du sort, la production choisira finalement d'employer un marlin en caoutchouc qu'Hemingway qualifiera de « préservatif géant ».
Si ce mois péruvien fut partiellement omis par les biographes, plusieurs photographies devenues mythiques immortalisèrent cette pêche miraculeuse lors de laquelle le ‘vieil' écrivain à l'imposante barbe de marin semble se confondre avec son œuvre. Quelques-uns de ces clichés reproduits sur carte postale sont aujourd'hui mêlés aux photographies cubaines et le Miss Texas, le bateau de la production, est souvent confondu avec le célèbre Pilar, acquis par Hemingway en 1934 et aujourd'hui exposée à la Havane.
Très rares, les tirages originaux de cette aventure semblent avoir été réservés aux membres de l'expédition et Hemingway dut peut-être en recevoir quelques exemplaires, bien que nous ne connaissions pas d'autres photographies originales dédicacées de ce tournage.
Hemingway adressa celle-ci - originellement contrecollée sur une réédition de The Old Man and the Sea – et une seconde, avec mention de lieu et date, le représentant entouré d'un équipage hissant le marlin, au Français Adolphe Lévèque, barman sur le paquebot Ile-de-France. Cet employé de la Compagnie générale transatlantique est inconnu des biographes de l'écrivain, pourtant ce témoignage d'amitié, expédié depuis Cabo Blanco, révèle une réelle complicité entre le grand écrivain américain récemment nobelisé et le modeste barman français de trois ans son cadet. Ce « vieux et cher ami » qui fit toute sa carrière sur l'Ile-de-France fut en effet un interlocuteur privilégié du grand amateur de whisky lors des sept traversées qu'Hemingway effectua, à partir de 1930, à bord de ce géant des mers pour lequel il se prit immédiatement d'affection.
Achevé en 1926, l'Ile-de-France est en effet le premier paquebot moderne, ambassadeur du style Art Déco, du luxe et du « savoir-vivre » parisien de l'entre-deux guerres. Il effectuait ses premières traversées entre le Havre et New-York, tandis que l'auteur de Paris est une fête quittait la France et le quartier Latin, où naquit sa vocation d'écrivain.
Sur l'Ile-de-France, Hemingway retrouvait le Paris de sa jeunesse et continuait ainsi à jouir de tous les plaisirs des années folles. Jusqu'à la fin de sa vie, il fera l'éloge de son navire favori et de la vie à son bord : « The same old big fat, wide, strong boat with wonderfull food (better than any in Paris although it is all so good). And wonderful wine list… ». Très affaibli lors de sa dernière traversée en 1957 il sera si bien soigné à bord qu'il décidera de rester pendant toute la croisière dans les Antilles ! C'est sur ce paquebot qu'il séduisit Marlene Dietrich, côtoya Humphrey Bogart (qui tenta en vain de lui acheter les droits du Vieil homme et la mer) et les nombreux artistes et vedettes qui, comme lui, traversaient régulièrement l'Atlantique à bord du luxueux bâtiment : Rita Hayworth, Raoul Dufy, Judy Garland, Cary Grant…
Mais le lien qui unit Hemingway avec ce paquebot et son équipage est plus fort que ce seul goût pour la « french touch » que partageaient beaucoup de ses contemporains.
Au cours des trente années passées sur l'océan, le destin de cet étonnant navire - avec son fameux hydravion propulsé du pont pour faire gagner une journée au courrier - et celui de l'intrépide écrivain semblent continuellement se faire écho.
A l'instar de son illustre passager, l'Ile-de-France eut une carrière en tout point exemplaire. En 1937, ils furent ainsi tous deux engagés pour la cause des républicains espagnols, l'un reporter de guerre, le second transport de volontaires canadiens, cubains et nord-américains. Puis en 1940, tandis que l'Ile-de-France refusant l'armistice rejoignit New York, avant d'être armé et de rallier les Forces françaises libres, Hemingway armait à son tour la Pilar pour patrouiller en mer caraïbe à la recherche d'éventuels U-boote. Après-Guerre, les bons et loyaux services militaires valurent au bâtiment résistant les plus hautes distinctions : la Croix de Guerre et le grade de Chevalier du Mérite maritime. Quelques années plus tard, l'écrivain reçut à son tour successivement les plus prisés des titres honorifiques : le prix Pulitzer et le prix Nobel. Le « Saint Bernard des mers » ainsi surnommé pour ses nombreux et spectaculaires sauvetages, connut plusieurs accueils triomphaux dans le port de New-York dignes de ceux réservés à son alter ego au surnom tout aussi protecteur : « Papa ».
Parmi les marins qui connurent ces heures glorieuses, certains, tel notre barman, avaient contribué dès l'origine à écrire l'histoire de ce navire de légende.
Adolphe Marie Léveque, originaire d'un petit village de pécheur près de Saint-Nazaire, se fit embaucher à 25 ans sur l'Ile-de-France. Il participa à toutes ses épreuves, dont la Résistance, particulièrement dangereuse pour les grands navires, cible de choix des sous-marins.
Dès les premières années, Adolphe Lévèque eut un rôle privilégié à bord de ce navire français que les américains surnommaient affectueusement « The longest gangplank » (« la plus grande passerelle »). En effet, pendant la prohibition, l'alcool coulait à flot sur le paquebot, car même à quai, l'Ile-de-France restait un territoire français, pays du « bien vivre ». Ainsi, durant les escales, Le bar d'Adolphe Lévèque se transformait en un lieu de plaisir parmi les plus courus de New-York.
Plus encore que pour ses compatriotes, l'alcool et les bars revêtaient une importance particulière pour Hemingway, dont le mythe, soigneusement entretenu par l'écrivain, est largement associé à ses plaisirs éthyliques. A la Libération il se flattait notamment d'avoir libéré le bar du Ritz. Pour l'inventeur du Bloody Mary et du Daiquiri Sour, l'alcool est également une composante romanesque essentielle : « Quand on a quelque chose de difficile à faire dire à un personnage, surtout le faire boire. »
 
Dans Iles à la dérive, œuvre posthume mais dont l'écriture est contemporaine de cette dédicace, Hemingway rend un vibrant hommage à son paquebot favori : « Au cours de la traversée vers l'est sur l'Ile-de-France , Thomas Hudson apprit que l'enfer ne ressemble pas nécessairement à ce qu'a décrit Dante ou l'un des grands peintres de l'enfer, mais qu'il pouvait être un bateau confortable, agréable et très apprécié, vous emportant vers un pays dont vous vous êtes toujours approché avec impatience. ».
Le rôle prépondérant de l'alcool dans le roman est accentué à bord du navire : « il comprit que le whisky lui faisait du bien […] Écoute parler le whisky, se dit-il. Quel dissolvant pour nos problèmes. ». Plus encore, la figure du barman présente un caractère éminemment positif, puisque c'est un barman, Bobby, qui va détourner le héros de sa pulsion suicidaire après une mésaventure avec… un espadon : « Nous avions tous fini par l'appeler Suicide. Alors je lui ai dit : Suicide, tu ferais bien de t'arrêter un peu sinon tu ne vivras jamais assez longtemps pour atteindre le néant. »
Dans sa vie, comme dans ses romans, l'alcool, et son incarnation le barman, ne sont pas, pour Hemingway, des vecteurs d'autodestruction mais au contraire des adjuvants discrets qui portent le personnage et prolongent la pensée de l'auteur.
Sans doute Adolphe Lévèque, cet ami de l'ombre, représentait-il lui aussi ce compagnon de solitude indispensable à l'écrivain : « A bord de l'Ile-de-France déjà, Irving Stone avait remarqué qu'Ernest buvait beaucoup. – Que voulez-vous que je fasse ? dit Mary à Mme Stone. Il n'a pas épousé un gendarme. Il vaut mieux que je le laisse tranquille. » (op.cit.)
 
Au bar d'un salon Art Déco voguant au cœur de l'Atlantique, à l'heure où dorment les autres passagers, on se représente ainsi Ernest Hemingway et son ami Adolphe Lévêque, partageant ensemble une solitude complice. Par-delà les classes sociales et la notoriété, les deux cinquantenaires, heureux de se retrouver, inventent de nouveaux cocktails, revivent les années folles de leur jeunesse et surtout se targuent de leurs exploits lorsqu'ils s'adonnent à leur passion commune : la pêche.


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