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Autographe, Edition Originale

Guy de MAUPASSANT Lettre autographe signée à la Comtesse Potocka : "le vin, l'amour, et l'opium"

Guy de MAUPASSANT

Lettre autographe signée à la Comtesse Potocka : "le vin, l'amour, et l'opium"

La Guillette (Etretat) s.d. [fin 1887], 9,8x15,5cm, une feuille.


"Je crois que le meilleur état mental pour vivre tranquille, c'est l'abrutissement complet [...] les trois [méthodes] principales sont : le vin, l'amour, et l'opium"

 
Lettre autographe signée de Guy de Maupassant, 93 lignes à l'encre noire sur un feuillet double à en-tête "La Guillette (Etretat) », enveloppe jointe. Publiée dans Marlo Johnston, « Lettres inédites de Maupassant à la comtesse Potocka », Histoires littéraires, n°40, octobre-novembre-décembre 2009, p.85-86.
Lettre autographe signée de Guy de Maupassant, malade et reclus dans sa "cabane solitaire" d'Etretat, qui mêle l'abattement et le désir d'ivresse.
Maupassant s'adresse à la comtesse Potocka, riche aristocrate mondaine et intellectuelle dont la grande beauté et la personnalité volage apparaissent en filigrane de nouvelles et de chefs-d'œuvre romanesques de l'auteur (Mont-Oriol, Notre Cœur, Humble drame).
Maupassant écrit à Emmanuela Pignatelli di Cergharia, épouse du comte Nicolas Potocki, qui occupait avenue Friedland à Paris, un hôtel somptueux où elle réunissait une véritable cour de soupirants "morts d'amour pour elle", surnommés « Macchabées » par allusion aux sept frères martyrs de la Bible. Le compositeur Camille Saint-Saëns lui écrivit une mazurka, Guerlain créa pour elle un parfum ; son charme immortel fut immortalisé par le peintre Léon Bonnat, et un jeune Marcel Proust signera une élogieuse chronique du Figaro sur son salon si réputé. Elle fut la grande conquête et muse de Maupassant, qui lui offrit poèmes, manuscrits, breloques – d'innombrables preuves d'amour auxquelles la comtesse demeura insensible.
Reclus à La Guillette, sa maison normande qu'il fit construire sur un terrain familial en 1881, Maupassant apparaît de sombre humeur, rumine ses pensées et ne jouit qu'à moitié de sa solitude : « Je suis enfermé dans ma petite maison ; je ne sors jamais ; je ne vois presque personne ; je ne mets point les pieds à la plage, et je passe pour un loup de mauvais caractère ». Il y passe tout l'été, à l'exception d'une rare sortie à Trouville (« J'ai reçu la visite de la princesse de Sagan, accompagnée de Mmes Gallifet, de Montgomery et de Goüy »), que son ami d'enfance Jean Lorrain situe en septembre. L'adresse indiquée sur l'enveloppe jointe, chez la mère de la comtesse, au 14bis rue Chateaubriand, suggère une datation de la lettre en septembre 1887, alors que la comtesse s'apprête à quitter définitivement son mari et son domicile conjugal de l'avenue de Friedland. Maupassant semble évoquer cette séparation imminente par un acerbe commentaire sur la jalousie du comte Potocki, mari de la comtesse : « Je ne vous charge point de compliments pour votre mari qui est vraiment singulier. Il m'est revenu de divers côtés des propos très malveillants et très désagréables de lui sur moi ».
A l'écriture de cette lettre au ton mitigé, Maupassant et la comtesse ne se fréquentent plus depuis quelques mois ; l'écrivain souffre manifestement de cet éloignement, qui ternit leurs relations et entraîne de nombreuses incompréhensions : « Comment avez-vous pu supposer une seconde que je vous en voulais, comme on dit ! De quoi ? Pourquoi ? […] Vous vous êtes étonnée de ma lettre ? C'était une simple lettre de renseignements ! Je ne vous ai pas écrit depuis longtemps ! […] je ne sais donc pas si vous allez bien, si vous êtes gaie ou triste, résignée ou révoltée ? ». Après des années de correspondance et de rendez-vous mondains, apparut entre eux une méfiance. En effet, Maupassant avait maintes fois observé lors des dîners de la comtesse son habitude de rendre les hommes amoureux d'elle, sans pour autant les prendre pour amants. A l'inverse, la comtesse n'ignorait pas la réputation de Maupassant séducteur, dont témoignent ses amis des soirées de Médan dans de délicieuses anecdotes de leurs dîners d'écrivains : « Il s'est livré à un formidable gamahuchage » écrira Huysmans, et Goncourt précisera « Maupassant se mit à poil et fit cinq fois la chose avec une femme ».
On trouve en effet dans la lettre des passages qui rappellent l'hédonisme notoire de Maupassant : « J'ai ici plusieurs exemples de gens très heureux et admirablement stupides. Reste à savoir quelle est la meilleure méthode pour arriver à ce résultat. Les trois principales sont : le vin, l'amour et l'opium. Je crois, vraiment, que la dernière est préférable parce qu'elle ne nécessite aucun mouvement.  Mais tant qu'on a dans l'esprit une lueur d'intelligence, une apparence de raisonnement, l'existence est intolérablement révoltante ». L'écrivain fut évidemment victime d'un vice éternel – les femmes – mais il usa également des poisons modernes, dont l'opium, le haschich, l'éther, et même la cocaïne, qu'on lui prescrivit parfois pour atténuer ses nombreuses crises de douleur.
L'écrivain se livre sans réserve « C'est que j'ai beaucoup d'ennuis et de préoccupations qui ne m'empêchent point de songer aux gens que j'aime mais qui m'enlèvent le courage de parler de moi en certains moments ». Maupassant souffrait en effet continuellement des symptômes de sa syphilis, notamment de névralgies faciales, et d'une paralysie oculaire : « J'ai les yeux de plus en plus atteints ; j'y vois de moins en moins, ce qui n'est pas fait pour soutenir le moral ». Par ailleurs, la maladie plane continuellement sur la famille Maupassant, chez sa mère dont les problèmes de santé apparaissent régulièrement (« [elle] souffre jour et nuit de douleurs intolérables sans qu'on puisse la soulager ») et plus funestement chez son frère, qui succombera à la folie deux ans plus tard.
Sombre lettre adressée à une envoûtante et célèbre femme du monde, qui fut l'hôtesse d'un des plus importants salons littéraires et artistiques du XIXème siècle.
 
Provenance : collection Jean Bonna.

VENDU

Réf : 66491

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