Donatien Alphonse François, Marquis de SADE
Enveloppe rédigée de la main du Marquis de Sade
Paris s.d. (circa 1780), 11,5x9cm, une enveloppe.
Enveloppe rédigée de la main de Sade adressée à Mademoiselle de Rousset, premier plat et rabat conservés et réutilisés postérieurement au verso comme brouillon de calcul.
"Pour ajouter à son euphorie, [Sade] a trouvé à son arrivée à la Coste une femme délicieuse, Marie-Dorothée de Rousset, qui lui sert de gouvernante. [...] elle aurait autrefois partagé les jeux du jeune Donatien, à Saumane, bien qu'elle fût de quatre ans sa cadette. [...] C'est Mme de Sade qui a eu l'idée de l'installer au château, afin d'y tenir le rang de maîtresse de maison. Marie-Dorothée séduit le marquis dès la première rencontre. Non point tant par les traits de son visage, plus ingrats que ceux de Mme de Sade, que par son esprit. [...] On les voit souvent ensemble, conversant sur un banc de pierre. Leurs entretiens font penser à de savantes passes d'armes entre gens également adroits des jeux de l'amour et du langage. Aux avances du libertin, Mlle de Rousset oppose en souriant les charmes de l'amitié. Loin de s'emporter, comme il le ferait devant une vertu revêche, le marquis se laisse entraîner dans la sinueuse dialectique de cette femme de coeur et de tête. Point insensible elle-même à la séduction de son partenaire, elle sait néanmoins la détourner au profit d'un sentiment plus profond et plus léger, qui ressemble à de l'amour, sans en avoir la gravité, et qui surtout fait taire les pulsions du corps pour se livrer librement aux plaisirs du discours." (Lever,
Sade, p.322).
c'est auprès d'elle qu'il passera ses derniers jours de liberté avant son arrestation à La Coste et son incarcération au château de Vincennes Le 7 septembre 1778.
Mademoiselle de Rousset, que le Marquis se plaisait à surnommer Milli Rousset, tenta d'intercéder en la faveur de son ami auprès de sa belle-mère la Présidente de Montreuil, ainsi que des ministres. Dans ses lettres à cette proche amie, le Marquis s'affuble d'ailleurs à cette époque du sobriquet de "Monsieur le 6", le numéro de sa cellule au donjon de Vincennes. Elle décèdera le 25 janvier 1784, laissant derrière elle son "poulido caro" et l'importante correspondance qu'ils échangèrent.
Restes de cachet de cire et tampon postal. Calculs au dos probablement de la main de Sade datés de 1791.
Provenance : archives de la famille.
voir PAGE 348 lever