Antoine de SAINT-EXUPERY
Manuscrit probablement inédit sur l'avenir de la télévision enrichi de trois dessins à l'encre préfigurant le Petit Prince
New York s.d. (vers 1940), 21,5x27,9cm, 5 feuillets sous chemise et étui.
Manuscrit autographe d'Antoine de Saint-Exupéry probablement inédit, 5 feuillets sur papier filigrané "Gilbert Dispatch Bond", foliotés postérieurement au crayon violet de 0407 à 0411. Premier feuillet folioté au stylo "N°55a" et portant une légère décharge de rouille dûe à une agraphe métallique.
Remarquables feuillets manuscrits autographes de Saint-Exupéry, probablement écrits pendant son exil New-Yorkais à la fin des années 1930 ou au début des années 1940, ornés d'un visage et de deux petits personnages préfigurant le Petit Prince ainsi qu'une discrète esquisse d'un visage féminin.
Saint-Exupéry prédit en quelques pages l'avenir de la télévision et invente un système de redevance audiovisuelle, qui ne sera mis en place qu'à partir de 1949 en France, manifestant une véritable prescience de l'avenir glorieux de ce nouveau média. L'écrivain visionnaire, en quête de progrès et d'innovation, était fasciné par les machines qui fendaient le ciel mais aussi par ces postes de télévision qui peupleront progressivement les foyers français. Réalisé sur son support de prédilection, le papier translucide filigrané "Gilbert Dispatch Bond", ce manuscrit débute par un dessin de visage enfantin et ovale
, aux sourcils arqués, intermédiaire entre l'autoportrait et le futur visage du
Petit Prince. Saint-Exupéry a décliné par deux fois sur la page suivante une silhouette en pied du petit personnage datant des années de genèse graphique du
Petit Prince, qui habitait fréquemment les marges de ses écrits, lettres et carnets
. Les deux personnages portent le large pantalon semblable aux aquarelles du
Petit Prince publiées dans l'édition originale de 1943. Ils encadrent une esquisse de visage féminin dont on devine la courbe du nez et les grands yeux en amande.
Simultanément à ses dessins, l'auteur couchait alors dans ces années-là des centaines d'idées : recherches aéronautiques, idées politiques, tentatives romanesques, études de brevet d'invention, calculs mathématiques, réflexions scientifiques... Saint-Exupéry se montre ici particulièrement préoccupé par la qualité des émissions télévisuelles, qui en cette fin des années 1930 étaient encore à leurs débuts, ne diffusant qu'à quelques centaines de postes privés : “
Le progrès de la télévision commerciale est freiné par le problème du financement des émissions. La publicité, qui suffit en effet à couvrir les frais des émissions radiophoniques ne peut financer que des programmes de télévision relativement mauvais. [...] La solution idéale exigerait que les usagers paient une redevance afférente à chaque émission [...] L'usager paie une taxe proportionnée à la durée de la réception et variant selon le programme choisi »
La redevance n'existait alors que depuis 1933 et ne s'appliquait qu'aux postes radiophoniques pour couvrir les besoins des PTT. Les courtes interviews, actualités cinématographiques et documentaires audiovisuels laissaient encore à désirer ; L'écrivain développe sur quatre pages à l'écriture serrée des moyens d'augmenter le potentiel de cette machine extraordinaire encore inexploitée.
Dès
Vol de Nuit et
Terre des hommes, Saint-Exupéry embrasse le progrès et intègre le développement de la technologie dans ses oeuvres littéraires. Certaines de ses inventions oniriques virent le jour dans les premières versions du
Petit Prince, comme la machine à téléporter et fumer des cigarettes, création polyvalente qui n'est pas sans rappeler le "pianocktail" de Boris Vian. Parmi ses intuitions notoires qui feront par la suite l'objet de véritables découvertes scientifiques, on compte les cellules photoélectriques ou encore le code génétique. En tant qu'aviateur, il déposa 10 brevets d'invention à partir de 1934, le premier développant un système d'atterrissage au moyen d'ondes hertziennes.
L'écrivain et inventeur à l'imagination fertile livre ici une de se idées géniales bordée de trois versions intermédiaires du Petit Prince qui deviendra quelques années plus tard une des figures les plus célèbres de la littérature. Ce manuscrit témoigne de son esprit porté au sommet de l'éclectisme, qui comme à l'époque des débuts de l'Aéropostale, a sans cesse tenté de dompter la technique : « nous sommes tous de jeunes barbares que nos jouets neufs émerveillent encore », écrivait-il dans Terre des Hommes.Notre manuscrit est présenté sous une chemise en demi maroquin noir, plats de papier à motifs abstraits, contreplat d'agneau velours noir avec en regard la garde de plexiglas protégeant la lettre, étui bordé de maroquin noir, plats de papier à motifs abstraits, ensemble signé de P. Goy & K. Vilaine.