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Autographe, Edition Originale

Marguerite YOURCENAR Lettre autographe signée au peintre Elie Grekoff : "L'époque est à la violence"

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Marguerite YOURCENAR

Lettre autographe signée au peintre Elie Grekoff : "L'époque est à la violence"

23 janvier 1957, 16,2x23,5cm, 2 pages sur un feuillet - enveloppe jointe.


| "L'époque est à la violence" |



Lettre autographe signée de Marguerite Yourcenar datée du 23 janvier 1957, deux pages à l'encre noire sur un feuillet, enveloppe autographe jointe. 
Sur deux pages à l'écriture dense, Yourcenar confie ses déboires éditoriaux à son ami intime le peintre Elie Grekoff, et relate le geste blasphématoire de son éditeur, qui avait déchiré "en deux ou plutôt en quatre" l'exemplaire dédicacé de son recueil de poèmes Les Charités d'Alcippe (1956) et lui avait renvoyé par la poste. Elle s'entretient de projets communs avec Grekoff et le prie d'accepter les profits d'un ouvrage qu'il a illustré pour elle.
 Yourcenar écrit depuis les Etats-Unis, qu'elle rejoignit en 1939 avec sa compagne Grace Frick, alors professeur de littérature britannique à New York. Elles s'installèrent à partir de 1950 sur l'île des Mont Déserts, jouxtant le Canada, dans une maison baptisée Petite-plaisance qu'elle mentionne dans l'en-tête autographe de la lettre. Au beau milieu de la nature sauvage et des lacs cristallins, elle y écrira certains de ses écrits les plus célèbres, dont L'Oeuvre au noir. Des images fugaces de la vie recluse de l'écrivaine nous parviennent au fil des lignes : « Ici, travail abrutissant, favorisé par les grands froids, qui font qu'on ne sort qu'un bref moment, ou quand on y est obligé. Correction d'épreuves, correspondance en retard depuis des mois, traduction, et enfin le livre en train […] les journaux arrivent très régulièrement, et si vite, dans le cas du Monde, que j'apprends par lui les nouvelles de New York avant d'avoir le temps d'aller au village acheter le New York Times ».
Le passage le plus poignant de la lettre concerne ses aventures mouvementées avec son éditeur Curvers, au sujet de son recueil de poèmes à la verve néoclassique Les Charités d'Alcippe. Yourcenar fait part de l'acte impardonnable de ce dernier, exaspéré par le mécontentement de l'écrivaine qui lui reprochait la parution hâtive du recueil : "Toute la légalité (et le sens commun) sont de mon côté, mais cela n'a pas empêché l'irascible liégeois de me renvoyer un ex. des 'Charités d'Alcippe' déchiré en deux ou plutôt en quatre. L'époque est à la violence". « L'affaire du monsieur de Liège », terme employé dans la lettre, se soldera par un véritable litige par avocats interposés. L'intransigeante exigence de l'écrivaine et sa constante préoccupation pour les droits d'auteur, lui vaudra plusieurs affaires, et même deux procès - avec le metteur en scène Jean Marchat, et son éditeur Plon.
Le destinataire de la lettre Élie Grekoff (1914-1985), peintre, illustrateur, maître cartonnier, demeurera un proche confident de la femme de lettres pendant des décennies, et travailla avec elle sur plusieurs projets éditoriaux et théâtraux. Il réalisa notamment les décors de sa pièce aux accents sartriens, Electre ou la chute des masques, créée au théâtre des Mathurins. La lettre garde également la trace de deux de leurs collaborations artistiques : l'édition d'un classique latin et d'un célèbre poème hindou, le Gita-Govinda, tous deux commentés par Yourcenar et illustrés par Grekoff. Dans quelques magnifiques lignes pleines de bonté, Yourcenar le prie d'accepter les bénéfices probablement issus de la parution des Bagatelles d'Amour de Laevius (1956) : "merci Elie, et je vous en prie, considérez les trente huit mille qui restent comme vôtres, puisque nous n'en avons que faire en ce moment. Et quand je dis comme vôtres, je ne parle pas seulement comme vous le faisiez, du cas de force majeure, guerre, accident ou maladie, mais aussi en vue de rendre un peu plus commode la vie journalière - provisions de charbon, si l'on peut de nouveau en faire, ou achat de sympathiques conserves et repas au restaurant qui vous éviteront l'ennui de faire la cuisine quand vous préféreriez dessiner". 

Charmante et profuse lettre de la première femme élue à l'Académie Française, aux prises avec son éditeur, faisant part de son combat pour l'intégrité de son oeuvre à un proche confident.


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