Hans HOLBEIN
Biblia utriusque Testamenti juxta vulgatam translationem et eam, quam haberi potuit, emendatissimam: additis rerum praecipuis in locis iconibus. Interpretatio nominum Hebraicorum. Index Epistolarum & Evangelorium totius anni. Index rerum & sententiarum utiusque testamenti
Hugues de la Porte (Merchior et Gaspard Trechsel), Lyon 1538, in-folio (23x32,7cm), (4f.) 569pp. (45p.) - Sig. : *4 a-z8 A-M8 N6 AA-BB8 CC6 (mal chiffr. CC4), relié.
Édition princeps de la Bible de Holbein.Rare édition d’après le texte de la Bible de Robert Estienne de 1528, elle fut interdite par l’Inquisition et mise à l’index par Rome. Texte sur deux colonnes, exemplaire grand de marges. Marque des imprimeurs sur la page de titre et au colophon.
L’ouvrage, en premier tirage, est illustré de 95 figures (8,5 x 6 cm), dont la suite des 86 vignettes d’après les dessins d’Hans Holbein le Jeune (1497 ?-1543), gravées par le virtuose Hans Lützelburger (1495-1526).
Reliure du XVIII
ème en pleine basane brune, dos à six nerfs, toutes tranches jaspées de rouge. Coiffe de queue un peu frottée présentant un petit manque, coins frottés et légèrement émoussés. Quelques mouillures sans gravité.
Nombreux soulignements ainsi que des annotations marginales de l’époque, certaines ont été un peu rognées au moment de la reliure.
Entre 1528 et 1532, alors que les gravures bibliques rencontrent un grand succès, les frères Trechsel commandent à Hans Holbein, alors installé à Bâle, une nouvelle série d’illustrations. Cette édition de la Bible est achevée en 1538 ; la même année les frères Trechsel éditent également les
Icones, suite se constituant des bois seuls de la Bible de Holbein. Longtemps débattue par les bibliographes, l’antériorité de la publication de la Bible a été mise en évidence par Jean Vial qui conforte la thèse de son confrère Henri Baudrier : les figures sont bien apparues pour la première fois dans l’édition que nous proposons. Largement contrefaites, ces vignettes inédites repasseront sous presses en 1539 à Paris ainsi qu’à Anvers en 1540.
La grande expressivité des illustrations est traduite avec talent par le graveur Hans Lützelburger, qui employa des blocs de buis, plus denses et permettant donc une gravure plus détaillée que le bois de poirier, et grava l’ensemble de ses petits tableaux au trait et sans contretaille. Les vignettes, dont la taille ne permet habituellement pas un travail très détaillé, sont des prouesses de détail et de perspective. On y retrouve le talent de portraitiste de Holbein qui, chassé par la Réforme et recommandé par Érasme à Thomas More, sera un temps peintre officiel de la Cour d’Angleterre. En effet, à l’époque de la publication de la Bible des frères Trechsel, il voyageait à travers l’Europe afin de faire le portrait des princesses candidates au mariage avec Henri VIII.
« Les compositions des figures de la Bible sont un chef-d’œuvre du plus haut style. Les expressions des figures sont justes et offrent un mélange de simplicité, d’énergie et de naïveté qui caractérisent Holbein. » (Ambroise Firmin-Didot,
Essai typographique et bibliographique sur l’histoire de la gravure sur bois, 1863)
Bel exemplaire de l’un des chefs-d’œuvre de la gravure sur bois de la Renaissance.
Provenance : ex-libris manuscrit sur le titre de Nicolas Tournyer (ou Tournier), conseiller du roi et président de l’élection d’Amboise, daté de 1741. De la bibliothèque du baron Paul Harth (Cat. II, 1985, n° 14).