Jacques-Philippe CORNUT
Canadensium Plantarum Historia Enchiridion Botanicum
apud Simonem Le Moyne, Parisiis 1635, in-4 (17x23,5cm), (16) 238pp. (2), relié.
Edition originale illustrée de 68 figures à pleine page.
Reliure de l'époque en plein parchemin, dos lisse présentant un titre à la plume.
Quelques très discrètes éraflures en queue des plats, un petit trou de ver sur le dos et parchemin un peu sali. Une mouillure angulaire affectant la première moitié de l'ouvrage, une autre atteignant quelques cahiers à la fin. Une petite galerie de ver en marge intérieure des pages 183 à 214 sans atteinte au texte. Une déchirure sans manque portant très infimement atteinte à la gravure à la page 199. Indication manuscrite postérieure (XIXème siècle) au verso de la première garde : « Ouvrage vanté par Linné phylos.bota. article 17 ».
Empreint de la tradition herboriste renaissante, Canadensium Plantarum Historia se distingue déjà par sa classification moderne : l'ouvrage contient les toutes premières descriptions de plus de 70 plantes de la flore canadienne par le botaniste français Jacques-Philippe Cornut (1606-1651). Ce livre emblématique de la tradition de l'herbologie médicinale, visible à travers les représentations gravées des racines, est également caractéristique de l'engouement du dix-septième siècle pour la botanique qui transparaît dans les observations horticultrices de l'auteur.
Les figures, finement exécutées, sont attribuées à Pierre Vallet (1575-1657) qui devint par ailleurs le tout premier peintre botanique de la Cour sous le patronage de Marie de Médicis, signe de la place de choix que cette discipline acquiert. Les plantes sont alors davantage étudiées sous l'angle descriptif pour aboutir à la caractérisation des espèces, comme en témoigne la construction du Jardin du Roy qui s'étend de 1626 à 1636. Le rôle de ces jardins est central dans la genèse du livre même : Cornut ne s'étant jamais rendu au Canada, les spécimens des plantes qu'il décrit lui sont fournis notamment par les botanistes Jean Robin (1550-1620) et Vespasien Robin (1579-1662), qui ont la charge des jardins d'Henri IV et de la Faculté de Médecine, ancêtres du Jardin des Plantes. Les plantes sont elles-mêmes rapportées par les explorateurs français, aspect significatif de l'ouverture sur le Nouveau Monde et du lien entre les continents.
Canadensium Plantarum Historia suit ce mouvement
, la description des plantes du Canada, contrée lointaine, étant doublée d'une liste inédite de la flore des alentours de Paris (
Enchiridium botanicum parisiense). Carl von Linné (1707-1778) soulignera l'influence majeure de l'œuvre de Cornut pour ses propres observations de la flore canadienne et nord-américaine dans son manuel
Philosophica Botanica, comme le signale l'ex-dono d'un des propriétaires figurant dans le livre : « Ouvrage vanté par Linné phylos.bota. article 17 ». Bibliothèque américaine, 566 (H. Ternaux).
Publié cinq ans avant l'impression du premier livre imprimé sur le sol américain, Canadensium Plantarum Historia est représentatif du passage de la Renaissance à l'époque moderne marqué par la rencontre entre le Vieux Continent et la Nouvelle-France.