VOLTAIRE
Essai sur l'histoire générale, et sur les moeurs et l'esprit des Nations, depuis Charlemagne jusqu'à nos jours
S.n., S.l. [Paris] 1757, in-12 (10x17cm), viij, 348pp. et (4) 344pp. et (4) 342pp. et viij, 400pp. et (4) 346pp. (2) et (4) 294pp. et vij, 340pp. et (4) 316pp. (3) et (4) 365pp. (1) et (4) 360pp. (2), 10 volumes reliés.
Première édition parisienne après l'originale parue sans lieu et sans nom également à Genève chez les frères Cramer (1756-1757). Cette édition a été publiée par le librairie Lambert et s'insère dans les oeuvres complètes du même éditeur, tout comme l'édition de Genève (Voir Bengesco : Voltaire. Bibliographie de ses oeuvres). En 1771 Voltaire optera pour le titre définitif :
Essai sur les moeurs et l'esprit des nations.
Reliures en plein veau blond glacé d'époque. Dos à nerfs orné. Pièces de titre de maroquin rouge, et de tomaison de maroquin tabac. Tranches dorées. Tomaisons de X à XX, mais les pages de titre sont tomées I à XI. Un manque au mors inférieur en tête du tome XVI. Mors inférieur du tome XVIII épidermé avec 4 trous de vers. Dos des tomes XV et XVI épidermés sur la première moitié du dos. 4 feuillets détachés dans le tome XIII. Malgré quelques défauts, bel exemplaire.
L'ouvrage est bien davantage qu'une histoire du monde depuis Charlemagne. On sait par ailleurs que toutes les éditions du Second Empire jusqu'à aujourd'hui même ont été expurgées des idées défendues par Voltaire et contraires à l'image de l'auteur construite par la modernité. Une des thèses centrales est la perversité de la religion chrétienne, et plus particulièrement catholique, dont l'enseignement est manifestement erroné. Les races selon Voltaire ne pourraient découler d'une seule source, elles sont trop hétérogènes. L'essai sur les moeurs contient en effet toutes les thèses d'un racisme et d'un antisémitisme qui s'épanouira au XXe siècle et Voltaire s'y montre non seulement mysogine mais également antisémite et xénophobe. Or cette oeuvre est importante pour Voltaire qui ne cessera durant quinze années d'y travailler, et s'il se montre en faveur d'un despotisme éclairé, ce choix est mûrement réfléchi. L'ouvrage de Voltaire est fort important, car il montre les paradoxes d'un homme épris de justice (Le
Traité sur la tolérance), un homme des Lumières, mais agité lui-même des préjugés de son époque. Le premier volume débute par une étude des Chinois, puis des Arabes, avec de longs chapitres sur Mahomet et l'Islam. "Il est difficile de mesurer ce que l'histoire doit à l'Essai sur les moeurs. La présence de Voltaire dans l'évolution historiographique est certaine. Son influence est plus délicate à circonscrire ; elle varie selon les générations et selon les écoles » (L. Trenard).
Ex libris du XIXe : Blanche de Chateaumorand.