François René de CHATEAUBRIAND
Gustave STAAL
Mémoires d'Outre-tombe
Eugène & Victor Penaud frères, Paris 1849-1850, 13,7x22,5cm, 12 volumes reliés.
Édition originale rare et recherchée, exemplaire de première émission.
Notre exemplaire est bien complet de la liste des souscripteurs et de l'avertissement qui furent supprimés lorsque le solde de cette édition passa aux mains d'un autre éditeur : Dion-Lambert.
Quelques rousseurs sur l'ensemble des volumes, parfois plus prononcées sur certains feuillets ; quelques très discrètes restaurations sur les reliures, pages 335-336 du cinquième volume marginalement et habilement restaurées.
Notre exemplaire est enrichi de 32 figures sur acier par Staal et de Moraine (Clouzot n'en annonce que 30) prévues pour l'édition Penaud et exceptionnellement jointes à cet exemplaire. Il a aussi été monté sur onglet en tête du premier volume une lettre autographe de François-René de Chateaubriand adressée à la duchesse de Duras. Sept lignes sur un feuillet. Trace de cachet de cire, adresse manuscrite à la quatrième page.
Reliures en demi-veau blond, dos à quatre fins nerfs sertis de pointillés dorés et ornés de doubles caissons estampés à froid, frises dorées en queues des dos, pièces de titre de maroquin de Russie noir, pièces de tomaison du même maroquin, plats de papier marbré, contreplats et gardes de papier à la cuve, reliures de l'époque.
« J'ai voulu aller hier au soir chez vous. Mme de Ch. s'est trouvée mal il a fallu rester. Sait-on quelque chose du malheureux jeune homme ? Un mot je vous en supplie. Je pars le matin à onze heures pour la Vallée avec le Géant ; je voudrais bien que ce fut avec vous.
Jeudi 9 heures du matin »
Chateaubriand écrit à Claire de Duras, l'une des femmes les plus importantes de sa vie, fille unique du Girondin Comte de Kersaint et cousine par alliance de Natalie de Noailles, maîtresse de l'écrivain. Confidente et bientôt rivale du grand amour de Chateaubriand, Madame Récamier, elle fut la figure de proue de sa cohorte d'admiratrices et tomba sous son charme dès leur première rencontre au château de Méréville en avril 1808. La duchesse à la beauté ingrate fut vite éconduite par l'écrivain qui était encore sous l'emprise de Madame de Noailles. Elle conclut néanmoins avec lui un accord amical et fut des années durant une sœur attentive, une amie prévenante et la première lectrice de nombre de ses œuvres, notamment
Le Dernier Abencérage, inspiré de ses amours avec la comtesse de Noailles. De son côté, la duchesse s'arrangea tant bien que mal de cette amitié platonique malgré sa passion dévorante pour Chateaubriand, qui fut l'objet de son roman à succès
Ourika, contant l'amour tragique et impossible d'une jeune Africaine pour un Français.
Le
« Géant » dont il est question ici est Hyacinthe Pilorge, le secrétaire de Chateaubriand : « Demeuré au service de Chateaubriand pendant vingt-cinq ans, Hyacinthe Pilorge fut le principal artisan de la transcription des
Mémoires d'outre-tombe.
Il avait pour mission de « mettre au propre » au fur et à mesure tout ce qu'écrivait ou dictait son patron.
C'est à partir de sa copie que Chateaubriand pouvait ensuite se relire, puis se corriger ; et lorsque la nouvelle page se recouvrait à son tour de trop nombreuses ratures, Pilorge procédait à une nouvelle mise au net.
C'est lui qui exécuta en 1840 la première copie intégrale des Mémoires d'outre-tombe. Ce manuscrit représenta longtemps le texte de référence. C'est alors un ensemble de plus de quatre mille pages, regroupées par livres dans des chemises de carton, et où chaque feuillet pouvait être corrigé, déplacé ou remplacé à volonté. Ce travail achevé (en 1841), le mémorialiste laissa « reposer » son œuvre pour quelque temps. Mais grâce à la souplesse de ce montage, les
Mémoires d'outre-tombe ont encore la vocation de rester une œuvre ouverte, une sorte de
work in progress. »
(Bibliothèque nationale de France)
Rare exemplaire en première émission
enrichi d'une lettre autographe de l'auteur et de la suite des gravures d'un des plus importants textes de la littérature française, l'ensemble habillé d'élégantes reliures de l'époque.