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Jean de LERY Histoire d'un voyage fait en la terre du Brésil, dite Amérique

Jean de LERY

Histoire d'un voyage fait en la terre du Brésil, dite Amérique

Pour Jean Vignon, à Genève 1611, in-8 (11x17,5cm), (80 p.) 489 pp. (15 p.), relié.


« Et que dire de la façon dont est construit le Voyage [de Léry] ? – Qu'il est on ne peut plus moderne. Construit comme la monographie d'un ethnographe contemporain [...] Je l'ai déjà écrit, je le répète : il s'agit vraiment là du premier modèle d'une monographie d'ethnologue. » (Claude Lévi-Strauss)


Edition illustrée de 8 planches hors-texte et une dépliante intitulée « Pourtrait du combat entre les sauvages Tououpinambaoults & Margaias Ameriquains » qui manque presque toujours. La toute première édition de cet ouvrage parut à La Rochelle en 1578. Il s'agit ici de la dernière éditée du vivant de l'auteur. Deux autres sont parues en latin, également à Genève en 1586 et 1594.
Reliure de l'époque en plein veau jaspé brun, dos à cinq nerfs richement orné, double filet doré en encadrement des plats. Coiffes, mors et coins restaurés. Deux pages présentant de petites déchirures sans manques et quelques infimes travaux marginaux de vers en marge basse de certains feuillets sans atteinte au texte. La planche dépliante a été renforcée au dos à l'aide de discrètes bandes de papier. Une tache d'encre à la page 324, ne gênant pas la lecture. La nudité de la planche page 121 a été biffée d'un pudibond trait de plume. Une note marginale du temps à la page de dédicace.
Modeste cordonnier bourguignon, Jean de Léry (1536-ca. 1613) se convertit très tôt à la Réforme et effectua un premier voyage à Genève auprès de Jean Calvin en 1552. En 1557, le théologien lui ordonna de rejoindre les protestants de la « France antarctique » de Nicolas de Villegagnon, établissement français fort de deux cents hommes, sur l'Île Coligny, aujourd'hui Île Villegagnon, située dans la baie de Rio de Janeiro. Si la concorde religieuse sembla au départ fonctionner, les protestants furent chassés de l'île et contraints de partager la vie des Indiens Tupinambas. Jean de Léry côtoya dix mois cette tribu guerrière qu'il ne parvint cependant pas à évangéliser. Ce séjour marqua profondément le jeune Jean de Léry qui fut partagé entre sa fascination pour ce peuple cannibale et son propre rejet du paganisme.
A son retour en France en 1558, ses amis le pressèrent de livrer son témoignage. L'ouvrage ne fut pourtant publié qu'en 1578, Jean de Léry ayant égaré deux fois son manuscrit. Le succès fut immédiat et cet étonnant texte décrivant les différents aspects de la vie des indigènes du Brésil connut cinq éditions du vivant de son auteur.
Il convient néanmoins de replacer la parution de cet important ouvrage dans le contexte de l'Europe des guerres de religion. En effet, L'Histoire d'un voyage fait en la terre du Brésil constitue une réponse directe au récit intitulé Les singularitez de la France antarctique, publié en 1557 par André Thévet, aumônier catholique de l'expédition du vice-amiral de Villegagnon. Pour Léry le livre de Thévet, qui n'a séjourné que quelques semaines au Brésil en 1555 et a fréquenté la même tribu des Tupinambas, est totalement mensonger. Les gravures du livre de Léry, contrairement à celui de Thévet, ne décrivent pas les Tupinambas comme des cannibales répugnants. Elles dépeignent plutôt leurs célébrations et non des boucheries humaines, car il considère que le cannibalisme est pour les indigènes une affaire de vengeance, un rite traditionnel et guerrier qu'il place en opposition directe au massacre des protestants innocents par les catholiques, notamment celui de la nuit de la Saint-Barthélemy. Jean de Léry va même jusqu'à affirmer que ces cannibales du Brésil, que Thévet représente comme des sauvages, sont plus humains et dignes que les catholiques qui assassinent les protestants innocents sans raison ni rite.
L'ouvrage de Léry, loin de tomber dans l'oubli ni de passer inaperçu, inspira l'un de ses contemporains, Michel de Montaigne, qui dans le premier livre de ses célèbres Essais plaça un chapitre intitulé « Des cannibales ». Le philosophe s'y interroge sur les pratiques anthropophages rapportées par Jean de Léry et la perspective des cruautés européennes, dénonçant ce que les chrétiens s'infligent en Europe au nom de la religion : « Je pense qu'il y a plus de barbarie à manger un homme vivant qu'à le manger mort, à déchirer par tourments et par géhennes un corps encore plein de sentiment, le faire rôtir par le menu, le faire mordre et meurtrir aux chiens et aux pourceaux (comme nous l'avons non seulement lu, mais vu de fraîche mémoire, non entre des ennemis anciens, mais entre des voisins et concitoyens, et, qui pis est, sous prétexte de piété et de religion), que de le rôtir et manger après qu'il est trépassé. »
Le texte de Jean de Léry, profondément humaniste, fut également beaucoup lu au siècle des Lumières, inspirant ses penseurs et contribuant à véhiculer le mythe du « bon sauvage » cher à Montesquieu (Usbek le Persan), Voltaire (L'Ingénu) ou encore Rousseau (Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes). 
En mars 1935, Claude Lévi-Strauss âgé de vingt-sept ans, foula pour la première fois le sol brésilien. Dans Tristes Tropiques (1955) il raconte : « Je foule l'Avenida Rio-Branco où s'élevaient jadis les villages tupinamba, mais j'ai dans ma poche Jean de Léry, bréviaire de l'ethnologue. » En 1994, dans un entretien avec Dominique-Antoine Grisoni, il revient sur l'importance de ce texte, découvert peu de temps avant son voyage et qu'il qualifie de « chef-d'œuvre de la littérature ethnographique » : « Le livre est un enchantement. C'est de la littérature. Qu'on laisse l'ethnologie aux ethnologues et que le public lise l'Histoire d'un voyage faict en la terre du Brésil comme une grande œuvre littéraire. Et aussi comme un extraordinaire roman d'aventure. »
Rare exemplaire de ce « bréviaire de l'ethnologue », ouvrage capital et fondateur porté aux nues par les plus grands penseurs humanistes.

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Réf : 82459

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