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Edition Originale

Antoine de RUFFI Histoire de la ville de Marseille

Antoine de RUFFI

Histoire de la ville de Marseille

ParClaude Garcin, à Marseille 1642, grand in-4 (23x34cm) ; marges : 215x330mm, [20] 459pp [15] p. - Signatures : a4 e6 A-Nnn4 Ooo (manque le feuillet blanc)., relié.


Rare édition originale de cette première histoire de Marseille qui ne connut pas de réédition sous cette forme. Un exemplaire en Suisse, un à Berlin et deux à Parme et Turin. Page de titre en rouge et noir comportant une grande vignette aux armes de Marseille entourée de la devise « Massillia Civitas ». L'exemplaire contient un plan de la ville dessiné par Jacques Maretz et gravé par Maretty, numérotant les « lieus [sic] les plus remarquables » de la cité, avant les agrandissements entrepris à partir de 1669. Quelques bois in-texte figurant des monnaies anciennes et des antiquités. Bandeaux et lettrines. Noms des auteurs évoqués en marge. Ex-libris à la plume de l'époque et tampon de cire sur les gardes.
Importante reliure de l'époque en plein maroquin citron à semis de fleurs de lys, dos à cinq nerfs orné de roulettes dorées et de caissons fleurdelisés, large dentelle dorée en encadrement des plats frappés d'un semis de fleurs de lys doré, toutes tranches dorées.
Mors, coiffes et coins habilement restaurés. Rousseurs éparses, un peu plus marquées en début de volume. Une amusante et très discrète restauration à l'endroit du sexe du putto de droite sur la carte.
L'ouvrage, couvrant une période de l'Antiquité jusqu'à 1610, se divise en dix livres traitant des sujets suivants :
– fondation de Marseille jusqu'à la guerre civile entre César et Pompée, ses peuples anciens, l'arrivée des Phocéens et l'étymologie du nom de la ville,
– état de la ville pendant quatre siècles, sa place dans l'Empire romain et les différents gouvernements (burgondes, goths puis francs) qui y ont été établis sous les Empereurs,
– puissance des vicomtes de Marseille et généalogie des comtes de Provence appelés par l'auteur « la première race »,
– rachat et contention de la Seigneurie par les Marseillais et alliance avec Nice et le Comte d'Empurias,
– première convention entre Charles d'Anjou (comte de Provence) et la ville de Marseille et amitié du Roi de Castille,
– mort du Roi René et passation de pouvoir à Charles du Maine, puis à Louis XI,
– tentatives de siège déjouées et entrée du Roi Charles IX dans la ville,
– prise de pouvoir de Charles de Casaulx, favorisée par la Comtesse de Sault, et tyrannie qu'il instaure à la fin du XVIème siècle,
– ordre et succession des évêques de Marseille de Saint Lazare à Pierre Gérard,
– différents édifices publics, encore en place ou en ruine.
Antoine de Ruffi (1607-1689) est un historien marseillais ; il fut conseiller à la sénéchaussée de Marseille et conseiller d'état. Il est le petit-fils de Robert Ruffi (1542-1634), secrétaire et confident de Charles de Casaulx et premier archivaire rémunéré de la ville de Marseille. Après sa mort, Antoine de Ruffi conserva les papiers de son grand-père qui furent pour lui d'un secours documentaire précieux dans la rédaction de ses différents ouvrages historiques. En 1696, après la disparition d'Antoine, Louis-Antoine de Ruffi (1657-1724) publia une seconde édition augmentée de l'Histoire de la ville de Marseille qui fut en partie financée par la ville elle-même.
Cette Histoire, qui connut un grand succès au moment de sa parution est, de nos jours encore, une référence incontournable de l'histoire marseillaise, de nombreux documents et lieux évoqués ayant aujourd'hui disparu. C'est la première fois qu'un historien entreprit de rédiger une histoire aussi étendue de la cité phocéenne, comme le souligne Ruffi dans sa préface : « Bien qu'un si noble sujet deut [dut] obliger les rares esprits qu'elle [Marseille] a produit de temps en temps d'exercer leur plume à descrire de si belles choses, & d'informer la postérité de ce qui estoit arrivé de remarquable dans leur Patrie : Il ne s'en est trouvé aucun qui ait voulu prendre la peine d'en recueillir l'Histoire, ou de laisser des mémoires de ce qu'il avoit veu ou appris de ses ancestres. »
Ruffi donne une vision élogieuse et combative de Marseille : « l'Histoire de Marseille a dequoy prendre & tenir le Lecteur par les merveilles de sa naissance & de son progrez, par les changemens memorables de son Estat & de sa fortune, par les victoires qu'elle a r'emportées sur diverses Nations qui ont esté enuieuses de sa gloire ou ennemies de son repos, & par les marques de grandeur qui la rendent comparable aux plus celebres Republiques de l'Europe. »
Souvent absent des exemplaires recensés, l'exceptionnel plan dépliant « en vue d'oiseau » présente une vision à la fois réaliste et synthétique, mettant en lumière les « lieus les plus remarquables » de la cité en 1597. La fin du XVIème siècle est marquée, dans l'histoire de Marseille, par la prise de pouvoir de Charles de Casaulx. Prenant la tête des ligueurs, il s'empare de la ville en 1591, imposant une dictature contre l'aristocratie marchande jusqu'en 1596, date de son assassinat. La carte met en évidence de grands monuments amenés à disparaître au cours des travaux de modernisation entrepris dans la seconde partie du siècle : l'enceinte fortifiée médiévale, rasée en 1660 après les critiques de Vauban, la Porte Réale, lieu historique d'entrée des souverains dans la ville, détruite en 1667 suite au décret royal de 1666 promulguant le développement d'une « ville nouvelle ». Les plans de Marseille avant cette grande extension à l'initiative de Louis XIV sont rares.
Mais Jacques Maretz rend également hommage à des monuments disparus au moment de la parution de l'ouvrage de Ruffi. À l'extrémité ouest du promontoire Saint-Jean, il choisit de faire figurer une tour datant du XIVème siècle, alors disparue, et qui ne sera rebâtie qu'en 1644. Aujourd'hui encore elle porte le nom de « Tour du Fanal ». Ce fanal est évoqué dans l'édition de 1696 : « Il y avait autrefois à Marseille un Fanal pour éclairer les Vaisseaux qui venoient la nuit aborder en ce Port, afin de se garentir du danger ; il étoit scitué au même endroit où est celui qu'on voit maintenant, qui fut bâti l'an 1644. L'ancien Fanal étoit en état l'an 1351. »
Le cartographe représente également les galères et les canons, symbolisant l'importance des infrastructures navales et des arsenaux présents depuis l'Empire romain, faisant de Marseille un port de guerre de premier ordre. Cet engouement pour les galères est sur le déclin au moment de la publication de l'ouvrage, ces dernières ayant été transférées à Toulon à l'arrivée de l'épidémie de peste en 1629.
La carte de Maretz est donc bien un hommage à la Marseille médiévale, bientôt transfigurée par les grands travaux royaux. Les Marseillais sont d'ailleurs relativement hostiles à ces changements, comme le souligne Béatrice Hénin dans son étude « L'agrandissement de Marseille (1666-1690) : Un compromis entre les aspirations monarchiques et les habitudes locales » (in Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, 1986) : « Les rapports de Louis XIV et de Marseille sont placés sous le signe de l'orage. Dernière cité française à avoir manifesté quelque sursaut la ville sera durement matée par le jeune souverain auréolé de sa toute récente victoire contre l'Espagne, et ce l'année même de la signature du traité des Pyrénées, en 1660. Louis XIV, après que Marseille ait été écrasée par ses troupes, vient en effet en personne faire état de sa souveraineté. Sans crainte de froisser les susceptibilités locales, il pénètre dans la ville par une brèche faite dans les remparts alors que de tout temps les souverains étaient entrés par la porte Réale. Ce geste vise à démontrer aux Marseillais que leur ville fait partie intégrante du royaume et que ses privilèges ancestraux n'ont plus de raison d'être. »
La volonté de Ruffi et de Maretz est la même, tous deux se font les ambassadeurs de cette Marseille médiévale forte et prospère. + de photos
Superbe exemplaire parfaitement établi dans une reliure de l'époque en plein maroquin fleurdelisé.

VENDU

Réf : 50325

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