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Autographe, Edition Originale

Maurice BLANCHOT Aminadab. Manuscrit original

Maurice BLANCHOT

Aminadab. Manuscrit original

S.n., s.l. s.d. (ca. 1941), 13,5x21cm, en feuilles.


« Tout récit qui ne se contente pas de visées réalistes exige un sens secret dont la lente mise au jour est liée aux péripéties de la narration. Si le sens correspond sans ambiguïté à l'anecdote, mais peut aussi être exprimé complètement en dehors d'elle, c'est une allégorie. Si au contraire, il ne peut être saisi qu'à travers la fiction et se dissipe dès qu'on cherche à le comprendre pour lui-même, c'est un symbole. […] Le sens d'une histoire, c'est l'histoire elle-même. Elle semble mystérieuse, parce qu'elle dit tout de ce qui justement ne supporte pas d'être dit. » (Prière d'insérer d'Aminadab, octobre 1942)
 
Manuscrit complet abondamment corrigé du second roman de Maurice Blanchot, Aminadab, qui paraît en 1942, un an après Thomas l'Obscur dont il constitue une forme de suite.
Le manuscrit d'Aminadab comporte 348 feuillets numérotés écrits au recto. Par intervalles on trouve une feuille ou une demi-feuille intercalée entre deux pages dont elle constitue généralement un brouillon ou une refonte partielle. On assiste ainsi au processus même par lequel l'écriture de ce roman a atteint son état définitif. Lors de ce processus, Aminadab subit une véritable cure d'amaigrissement. Il n'y a pas une page du manuscrit qui ne présente des remaniements et des coupes pouvant aller jusqu'à une dizaine de lignes. La version manuscrite est donc beaucoup plus étoffée que la version finale.
 
De nombreux aspects de la narration dite « réaliste » sont systématiquement éliminés, comme si Blanchot cherchait constamment à épurer sa vision narrative. Mais, plus qu'un allègement, ces coupes témoignent d'une transformation décisive de la volonté auctoriale au cours de l'écriture. Est-ce la tentation allégorique (évoquée dans le prière d'insérer) que Blanchot affronte et dont il décide de faire l'économie par ces coupes ?
Ainsi, au début du roman, la jaquette que revêt Thomas et dont, dans la version publiée, il apprécie simplement l'élégance se sentant « à peine gêné par les entournures trop étroites des manches » dans la version publiée, bénéficie d'un traitement que l'on ne saurait qualifier de simple réalisme descriptif dans la version manuscrite : « Il était [...] assez curieux de voir si le gardien ne serait pas surpris de la bonne tenue de ce nouveau costume. […] Sans se contenter de l'admirer de loin, [le gardien] voulut tâter l'étoffe, passer la main sur le revers de l'habit qu'il lissa doucement. Les plis surtout l'enchantaient. Il aurait aimé qu'il y en eût partout, Thomas dut se fâcher pour l'arracher à cette curiosité et l'empêcher de changer l'ordre des boutons qui fermaient le gilet. »
Blanchot élimine également systématiquement le réalisme psychologique qui imprègne le manuscrit, en adoptant vis-à-vis de sa propre écriture la sévérité dont Thomas vient de faire preuve à l'égard du gardien. En effet, dans le manuscrit, Thomas (comme d'ailleurs le gardien, réduit ensuite à l'état de simple figurant), fait preuve de sentiments, états d'âmes, calculs et réflexions inspirés par sa situation aporétique.  Autant d'éléments systématiquement raccourcis ou éliminés dans le roman final. Psychologie et Raisonnement sont ainsi deux composantes importantes du manuscrit primitif et leur suppression systématique marque une étape significative de la conception romanesque de Blanchot.
C'est enfin l'enjeu même de ce roman – raconter ce qui dans tout acte de raconter empêche qu'on prononce jamais le mot de la fin – qui est mis à l'épreuve dans ce manuscrit. Blanchot doit ainsi « dompter» l'inépuisable quantité de narration engendrée par cette recherche de l'épuisement du dire.
Les coupes faites par Blanchot dans la version manuscrite exposent très clairement le choix de l'auteur de sacrifier des scènes et des personnages qui pourraient figurer dans le roman mais qui doivent être réduits ou éliminés pour que celui-ci ne s'étale pas indéfiniment sans jamais se rapprocher de son but.
Ce but, qui n'est rien moins qu'une sorte de cogito narratif, occupera Blanchot jusqu'à la fin de sa vie d'écrivain.
 
Ces 348 feuillets, où ratures, reprises, ajouts et divers signes diacritiques suspendant la décision ("…", ou "x…x", ou "- - -") montrent un auteur en constant dialogue avec lui-même, sont plus qu'une trace de la création, ils constituent l'acte d'écriture même.
 
Abîme de sa propre narration, ce manuscrit d'Aminadab est semblable au bâtiment labyrinthique dans lequel Thomas s'enfonce. Comme son héros avec les personnages qu'il rencontre, l'auteur semble interroger les situations et les personnages qu'il crée « pour savoir où il est, qui ils sont, et plus généralement comment tout cela va finir » (Michaël Holland in Maurice Blanchot, Archives de la fratrie, catalogue raisonné).

 

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Réf : 50160

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