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Autographe, Edition Originale

François René de CHATEAUBRIAND Lettre autographe signée à la duchesse Amédée de Duras : "je suis sans papier, sans plume, sans encre"

François René de CHATEAUBRIAND

Lettre autographe signée à la duchesse Amédée de Duras : "je suis sans papier, sans plume, sans encre"

Vallée-aux-Loups 4 septembre 1811, 11,6x17,8cm, une feuille.


Lettre autographe paraphée de François René de Chateaubriand à la duchesse Amédée de Duras, 4 pages sur un feuillet remplié. 
Belle missive de Chateaubriand à la duchesse de Duras, amante éconduite et mécène fidèle de l'écrivain au salon littéraire réputé, qui incita l'Enchanteur à écrire ses célèbres Mémoires d'Outre-Tombe.

Chateaubriand écrit à Claire de Duras, l'une des femmes les plus importantes de sa vie, fille unique du Girondin comte de Kersaint et cousine par alliance de Natalie de Noailles, maîtresse de l'écrivain. La duchesse de Duras, confidente et puis rivale du grand amour de Chateaubriand, Madame Récamier, fut la figure de proue de sa cohorte d'admiratrices et tomba sous son charme dès leur première rencontre au château de Méréville en avril 1808. La duchesse à la beauté ingrate fut vite éconduite par l'écrivain qui était encore sous l'emprise de Madame de Noailles. Elle conclut néanmoins avec lui un accord amical et fut des années durant une sœur attentive, une amie prévenante et la première lectrice de nombre de ses œuvres, notamment Le Dernier Abencérage, inspiré de ses amours avec la comtesse de Noailles. De son côté, la duchesse s'arrangea tant bien que mal de cette amitié platonique malgré sa passion dévorante pour Chateaubriand, qui fut l'objet de son roman à succès Ourika, contant l'amour tragique et impossible d'une jeune Africaine pour un Français.
En cet automne 1811, Chateaubriand use de ce pacte inégal et de la vaste fortune de la duchesse pour monter un arrangement financier destiné à lui procurer un revenu annuel stable, grâce à l'aide de la duchesse et de son ami le duc de Laval Adrien de Montmorency. Ses victoires littéraires du début de l'année – l'élection à l'Académie française et le succès de son Itinéraire de Paris à Jérusalem sont entachées par ses problèmes d'argent ; Chateaubriand se voit contraint de bénéficier de la générosité de ses neveux et tente désespérément de tirer quelque profit de son activité littéraire après la banqueroute de son éditeur Nicolle. Connu pour ses récurrentes difficultés de trésorerie – il ajoute d'ailleurs un amusant post-scriptum : « je suis sans papier, sans plume sans encre » – , il alterne tour à tour vie de spartiate et de largesses. En dernier ressort, Chateaubriand incite ses proches à investir et crée une société de vingt-quatre actionnaires sur ses œuvres à venir : « J'attends Adrien [de Montmorency] de jour en jour ; tout est prêt pour la signature de notre arrangement. si vous prenez une action de mille livres, c'est-à-dire deux actions, car chaque action est de 500 ll, vous aurez à payer pour votre premier quartier le 1eroctobre prochain la grosse somme de 250ll. Si vous ne prenez qu'une action, vous n'aurez à payer que 125ll. Quand vous verrez le contrat vous serez contente. […] C'est absolument comme si vous placiez votre argent sur un pont à Paris, argent dont vous seriez remboursée quand on auroit établi le droit de passage et que le pont seroit achevé ». L'écrivain craignait en effet la faillite qui l'aurait contraint de remettre en vente sa résidence de la Vallée aux Loups dont le paiement n'était pas encore achevé.
Tout en étant son obligé, Chateaubriand se pose en « frère » exigeant et ne ménage pas les remontrances à l'égard de la duchesse en se plaignant de son silence : « Je ne sais trop où vous prendre . Vous me devez une réponse et vous ne m'avez pas répondu. […] Je suis plus exact chère Madame à écrire que vous ne l'êtes. mais peut-être tandis que je me plains, la poste m'apporte une lettre de vous. » . On retrouve l'écrivain oscillant entre les frivolités de la vie mondaine et la mélancolie de son séjour reclus à la Vallée aux Loups, regardant avec dédain et amusement les déboires de Mme de Caumont et sa sœur Mme d'Aguesseau, qu'il avait rencontrées récemment lors d'un court séjour dans l'Orne : « J'arrive moi-même de Chandey. Cette pauvre Mde de C ! Voilà qu'une 40 ou 50eme passion s'est emparée d'elle ! Je n'ai point vû le monsieur ; mais Mde d'Ag[uesseau] qui en présence de Georgina se scandalise beaucoup du goût nouveau de Mde de C. assure qu'il est roux et qu'il a une perruque. Voilà l'histoire du genre humain. Au reste j'ai acquitté bien vite de cette dette. J'ai été trois jours à aller, à rester là, à revenir ». Mais très vite, l'humeur décline et l'écrivain, dans l'appréhension d'un avenir de solitude et de pauvreté, se livre sans réserve à sa « chère soeur ». Ce fut à elle qu'il confia la fin de ses amours avec Mme de Noailles, tandis qu'elle le poussa à la même époque à la rédaction de ses futures Mémoires d'Outre-tombe. Cédant à sa mélancolie légendaire, l'écrivain laisse échapper une dramatique exclamation : « je rentrerai pour tout l'hyver ou pour presque tout l'hyver dans ma solitude. for ever ! ».
 
Admirables confidences de Chateaubriand, qui rencontra en la duchesse de Duras un esprit à sa mesure et en fit une intime de son œuvre, un alter ego qu'il poussa à embrasser sa vocation de femme écrivain.  



"à la vallée[-aux-loups] 4 7bre 1811
Je ne sais trop où vous prendre 
Vous me devez une réponse et vous ne m'avez pas répondu. mais je pense que vous êtes au moment de revenir à Ussé. J'arrive moi-même de Chandey. Cette pauvre Mde de C ! Voilà qu'une 40 ou 50eme passion s'est emparée d'elle ! Je n'ai point vû le monsieur ; mais Mde d'Ag[uesseau] qui en présence de Georgina se scandalise beaucoup du goût nouveau de Mde de C. assure qu'il est roux et qu'il a une perruque. Voilà l'histoire du genre humain. Au reste j'ai acquitté bien vite de cette dette. J'ai été trois jours à aller, à rester là, à revenir.
J'attends Adrien de jour en jour ; tout est prêt pour la signature de notre arrangement. si vous prenez une action de mille livres, c'est-à-dire deux actions, car chaque action est de 500 ll, vous aurez à payer pour votre premier quartier le 1eroctobre prochain la grosse somme de 250ll. Si vous ne prenez qu'une action, vous n'aurez à payer que 125ll. Quand vous verrez le contrat vous serez contente. Ce qu'il y a de mieux c'est que les actionnaires ne signeront point un contrat commun ; ils n'auront chacun qu'un petit bout de papier qui restera entre mes mains ; de sorte qu'ils ne se connoitront point s'ils ne le veulent et ne sauront pas avec qui ils sont associés. C'est absolument comme si vous placiez votre argent sur un pont à Paris, argent dont vous seriez remboursée quand on auroit établi le droit de passage et que le pont seroit achevé. J'ai vû Mde Adrien. elle peut dimanche soir... et vient demain à la Vallée dîner avec Mde de Ch....
Voilà tous mes torts réparés. Je suis plus exact chère Madame à écrire que vous ne l'êtes. mais peut-être tandis que je me plains, la poste m'apporte une lettre de vous. Je passerai tout ce mois à la Vallée après quoi j'irai aux noces [de son neveu Louis] au Ménil chez Mde de Rosambo jusqu'au 15 oct. époque à laquelle je rentrerai pour tout l'hyver ou pour presque tout l'hyver dans ma solitude. for ever !  


Post-scriptum : Je suis sans papier, sans plume, sans encre "

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Réf : 70998

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