Emmanuel KANT & Hercule PEYER-IMHOFF
Observations sur le sentiment du beau et du sublime
Chez J. J. Lucet, Paris 1796, in-8 (13x20,5cm), (4) 123 pp., relié.
Rarissime édition originale de la première traduction française d'une œuvre philosophique de Kant et seconde traduction d'un texte kantien, les autres ne seront connus du public non-germanophone qu'au cours du XIXè siècle.Notre exemplaire fut étonnamment réemboîté dans très belle reliure probablement espagnole en plein maroquin brun, dos à cinq faux nerfs richement orné, plats encadrés d'une roulette et d'une dentelle dorée ainsi que d'un troisième encadrement de feuillages et de coquilles Saint-Jacques, armes royales au centre des plats.
La même année paraît également du même auteur un court texte politique intitulé
Projet de paix perpétuelle.
Notre édition est illustrée d'un portrait de l'auteur par J. Beniry dit Dubuisson. L'édition originale, rédigée en allemand sous le titre
Beobachtungen über das Gefühl des Schönen und Erhabenen, a été publiée en 1764 à Königsberg.
L'ouvrage contient les premières observations du philosophe – qui n'avait jusqu'alors publié que des textes scientifiques – sur l'esthétique et plus particulièrement le sublime, concept qui acquerra toute sa portée dans
Critique du jugement (1790). Celle-ci, à l'instar du reste de l'œuvre du philosophe, ne sera traduite qu'au cours du XIX
è siècle.
« Certes dès avant 1781, le nom de Kant n'était pas totalement inconnu à l'Université de Strasbourg où quelques étudiants et professeurs l'avaient cité dans leurs recherches ou dans leurs cours, et les travaux de l'Académie de Berlin, contenant des mémoires d'adversaires résolus du kantisme, n'étaient pas complètement ignorés en France, mais il faut attendre la Révolution française et même la fin de la Convention et le début du Directoire, c'est-à-dire près de quinze ans après la parution de la
Critique de la Raison pure, pour qu'en France on commence à parler de Kant et de son œuvre. » (Jean Ferrari, « L'œuvre de Kant en France dans les dernières années du XVIII
è siècle » in
Les Études philosophiques No. 4, Kant (octobre-décembre 1981), pp. 399-411).
Nous n'avons trouvé aucune mention de passage en vente publique de cet ouvrage hormis l'exemplaire du baron Talairat (6 mars 1877) et celui de M. d'Ansse de Villoison (3 mars 1806).