Louis ANQUETIN
Combat du Chevalier d'Eon [joint] Cercle de l'Escrime - Assaut du 12 janvier 1895 - Encre sur papier
1895, Dessin : 27x21 cm / Programme : 22x28 cm, Une feuille et un feuillet remplié.
Dessin original à l'encre représentant le duel entre le Chevalier d'Eon - habillé en femme - et Monsieur de Saint-Georges qui se déroula le 9 avril 1787 à la demande du Prince de Galles, Georges Auguste de Hanovre, futur George IV d'Angleterre.
Cachet de la signature de l'artiste dans l'angle inférieur droit de l'œuvre et monogramme de l'artiste ; cachet de l'atelier au verso. Mention manuscrite au dos, au crayon à papier, du titre, et de la date.
Très bel état de conservation.
Provenance : atelier de l'artiste, référencé au catalogue Atelier Louis Anquetin (Thierry de Maigret, 28/11/08).
On joint un programme publié par le Cercle de l'Escrime, annonçant notamment la « reconstitution de l'Assaut de la Chevalière d'Eon et du Chevalier de Saint-Georges » le 12 janvier 1895 ; au verso du premier feuillet est reproduit le dessin que nous proposons ici.
Selon certaines sources, Charles Geneviève Louis d'Eon de Beaumont dit le Chevalier d'Eon, serait né hermaphrodite. Fort de son androgynie, il devint espion pour le compte du « Secret du roi » et apporta à la France – grâce à son travestissement et sous l'identité de Lia de Beaumont – d'importants succès diplomatiques. A la mort de Louis XV, le service secret royal dissout, le Chevalier se retrouva désœuvré et criblé de dettes. Précurseur du transgenre il fut le premier à choisir son genre, à la demande de Louis XVI. Renonçant dès lors à ses droits militaires, il fit carrière dans l'escrime, multipliant les combats publics jusqu'à la fin de sa vie. Après sa toilette mortuaire, il fut déclaré que la "Chevalière" était pourvue d'attributs masculins.
Louis Anquetin, né à Étrépagny en 1861 et mort à Paris en 1932, est un important peintre français. Il commence sa carrière aux côtés de peintres d'avant-garde tels que Vincent Van Gogh ou Henri de Toulouse-Lautrec. Avec Émile Bernard, il est l'inventeur du Cloisonnisme. De 1884 à 1893, Louis Anquetin ne cesse d'explorer les possibilités nouvelles offertes par la libération introduite par l'Impressionnisme dans la peinture française. A partir de 1893, à la suite d'une longue confrontation avec les « maîtres d'autrefois », il adopte un parti-pris pictural qui le mettra en marge du mouvement général de l'art, et l'éloignera de ses amis. Ébloui par l'art baroque et sa vigueur créatrice, il pense alors que ses amis de jeunesse se sont engagés dans une voie qui mènera à la mort de la peinture. Il croit en une « peinture parfaite » qui s'incarne dans le re-souvenir des leçons de Michel-Ange et de Rubens notamment. Son travail devient donc plus classique, il prône le retour au métier, en proposant de réfléchir sur les conditions a priori de toute forme d'art possible dans le respect des règles de la perspective et de l'anatomie, telles que pratiquées par les maîtres du XVIème et XVIIème siècle. Ne laissant que quelques œuvres que l'on peut qualifier de monumentales, Anquetin s'avère prolifique par ses nombreuses études et esquisses, lui qui considérait que le dessin était « un moyen d'expression tout puissant », le fondement obligatoire de tous les arts plastiques. En travaillant volontairement à rebours de son époque, Louis Anquetin a rendu possible l'existence d'une figuration moderne originale. Par son obstination et sa passion de la peinture, il a en effet évité que ne soit totalement obturé le chemin de la grande tradition occidentale.
On peut admirer ses œuvres dans de nombreux et prestigieux musées comme le Musée d'Orsay ou Le Louvre à Paris, à San Francisco ou à Detroit, au Musée de l'Hermitage de Saint-Pétersbourg, à la National Gallery et à la Tate de Londres, etc...
Précieuse représentation de la Chevalière d'Eon, personnage romanesque aujourd'hui considéré comme le "saint patron" de la communauté LGBTQ.