Librairie Le Feu Follet - Paris - +33 (0)1 56 08 08 85 - Nous contacter - 31 Rue Henri Barbusse, 75005 Paris

Livres anciens - Bibliophilie - Œuvres d'art


Vente - Expertise - Achat
Les Partenaires du feu follet Ilab : International League of Antiquarian Booksellers SLAM : Syndicat national de la Librairie Ancienne et Moderne






   Edition originale
   Autographe
   Idée cadeaux
+ de critères

Rechercher parmi 31422 livres rares :
éditions originales, livres anciens de l'incunable au XVIIIè, livres modernes

Recherche avancée
Inscription

Conditions de vente


Moyens de paiement :

Paiement sécurisé (SSL)
Chèques
Virement bancaire
Mandats administratifs
(Musées et Bibliothèques)


Délais et tarifs de livraison

Conditions générales de vente

Autographe, Edition Originale

Louis ARAGON Servitude et grandeur des français

Louis ARAGON

Servitude et grandeur des français

La Bibliothèque Française, Paris 1945, 11,5x18,5cm, relié sous chemise et étui.


Offert à Paul et Nush en symbole de l'amitié de combat entre les deux poètes résistants
 

Édition originale, un des exemplaires du service de presse.
Reliure en demi maroquin gris, dos lisse, mention dorée "ex. de Nusch et Paul Eluard" en queue du dos, encadrement d'un filet doré sur les plats de papier à motifs abstraits, gardes et contreplats de papier gris, coyvertures et dos (insolé) conservés, tête dorée, étui bordé de maroquin gris et chemise en demi maroquin gris, plats de papier à motifs abstraits, intérieurs de papier bris, ensemble signé P. Goy & C. Vilaine.
Émouvant envoi autographe signé de Louis Aragon à Paul éluard sur la page de faux-titre : « à Paul et Nusch pour lire en voyage bien affectueusement Louis. »

Précieuse dédicace sur cet ouvrage symbolique de la réconciliation des deux plus grands poètes résistants dont l'amitié sera marquée par les bouleversements politiques et artistiques du xxème siècle.
à peine âgés d'une vingtaine d'années, Aragon et éluard n'ont encore rien publié lorsqu'ils se rencontrent en 1919 dans le Salon littéraire improvisé d'André Breton. Avec lui, ils s'enthousiasment un temps pour l'aventure dadaïste. Mais le manque de sérieux et d'enjeu politique du mouvement initié par Tzara les conduit bientôt à une rupture violente avec celui-ci pour fonder le surréalisme aux ambitions plus révolutionnaires.
L'engagement communiste d'Aragon autant que l'intransigeance idéologique d'éluard (et, derrière lui, d'André Breton) auront pourtant raison de cette fructueuse amitié artistique. En 1932, éluard, à la suite des prises de positions d'Aragon, publie à son encontre un pamphlet dans lequel il tire un trait qu'il veut définitif sur leur amitié. Mais la virulence du libelle ne peut voiler la profonde affection qu'il éprouve pour Aragon : « J'ai connu Aragon pendant quatorze ans, j'ai eu longtemps en lui une confiance sans réserve. […] Aragon devient un autre et son souvenir ne peut plus s'attacher à moi. »
Ce désaveu public affectera aussi profondément que secrètement les deux écrivains.
« Je n'ai jamais rien fait de ma vie qui m'ait coûté plus cher. Rompre ainsi avec l'ami de toute ma jeunesse ne m'a pas été seulement affreux pour quelques jours. C'est une blessure que je me suis faite, et qui ne s'est jamais cicatrisé. » (Aragon in Une préface morcelée)
Pendant une décennie, Aragon et éluard, dominés par leurs utopies, ne se côtoient plus mais se lancent toutefois quelques discrets hommages. Ainsi en 1936, Aragon sollicite d'éluard un poème pour la cause républicaine espagnole qu'il fait publier dans L'Humanité et introduit lui-même par ces mots : « La critique s'accorde généralement à considérer Paul éluard comme un des plus grands poètes de sa génération. Nous sommes heureux de publier ici un poème inédit d'éluard qui flétrit les bandes de Franco. » Le feu d'une véritable amitié couve sous la cendre des idéaux.
La déflagration de 1940, révélera les vraies natures de chacun. Alors que la plupart de leurs amis « révolutionnaires » fuit le pays ou se réfugie dans un attentisme prudent, éluard et Aragon refusent toute compromission et affûtent leurs plumes contre l'occupant.
Entrés dans la clandestinité avec Poésie 42, Paul et Nusch retrouvent leur ami, en avril 1943, « les fleurs à la main ». Les deux « grandes voix de la Résistance poétique » vont multiplier les publications clandestines et restaurer avec quelques autres l'« honneur des poètes ». éluard à Paris et Aragon au sud organisent la Résistance intellectuelle, refusant de quitter la France malgré les sollicitations.
à la Libération, « éluard, […] après cinq ans de claustration en France, piaffait aussi du désir de voyager, de retrouver ses amis d'ailleurs ». Il part se reposer en Suisse avec Nusch et Claude Roy tandis que se tient à Paris le premier congrès légal du Parti communiste.
Ne lui tenant pas rigueur de cette désaffection qui les aurait autrefois déchirés, Aragon offre à son indéfectible ami, « pour lire en voyage », ce précieux témoignage de leur combat commun pour la liberté. En effet, sous l'égide de Vigny, qui un siècle auparavant, décrivait déjà la grandeur et l'abnégation dans le combat, Servitude et grandeur des Français rassemble plusieurs nouvelles de résistance diffusées par les célèbres éditions de « la Bibliothèque française » co-fondées sous l'oppression par Aragon, éluard et Seghers.
Aragon et éluard ne parleront jamais de leur dispute si ce n'est quelques mois après la disparition de Nusch qui laissa Paul anéanti, comme s'en souviendra Aragon en 1965 :
« Un jour, à l'improviste, […] Paul survint rue de la Sourdière et avec une effrayante tranquillité nous dit, à Elsa et à moi, […] qu'il ne pouvait décidément pas survivre, il allait se tuer, […] Tout d'un coup, je me sentis m'emplir d'une résolution violente. […] J'ai pris mon ami dans les bras de ma colère. […] On sait assez qu'à l'heure où j'avais perdu tous mes amis, quinze ou seize ans plus tôt, éluard avait signé un texte atroce contre moi. Jamais nous n'en avions parlé jusqu'à ce jour-là. Pour quoi faire ? Nous nous étions retrouvés, c'était l'essentiel. Mais alors, mais à cette minute, je le lui jetai au visage, je criais. Tu t'en vas parce que ça t'arrange, et tu me laisses avec ces mots jamais démentis, qui vont maintenant me suivre, avec d'autant plus de force que le fait de se tuer confère aux paroles des suicidés je ne sais quelle autorité grotesque... Tu t'en vas. Tu vas servir contre moi... […] Paul était blême : Il ne disait rien. Moi, je ne m'arrêtais plus. Je lui en ai dit, je lui en ai dit. Je lui secouais l'âme. à la fin, il m'a pris la main, et il m'a dit : « Je te promets... je vais essayer... »
A la mort d'éluard en 1952, Les Lettres françaises publieront un vibrant hommage d'Aragon à cet ami unique: « Je ne parlerai pas de sa mort. Je ne parlerai plus jamais de sa mort. Je parle encore une fois de sa vie. J'étais venu ici pour parler de sa vie. De notre vie. De ce que je sais encore de notre vie. » (Aragon, 29 mai 1965)
Exceptionnel exemplaire réunissant les deux plus grands noms de la poésie engagée du xxème siècle.
 

VENDU

Réf : 62559

Enregistrer une alerte


Assistance en ligne