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Autographe, Edition Originale

Albert CAMUS L'état de siège

Albert CAMUS

L'état de siège

Gallimard, Paris 1948, 12x19cm, broché.


Edition originale, un des exemplaires du service de presse.
Précieux envoi autographe signé d'Albert Camus à Madame (Madeleine) Renaud qui interpréta le rôle de la Secrétaire dans L'Etat de siège aux côtés de l'amante de Camus, Maria Casarès : « À Mme Renault (sic) puisque nous butinons dans la même ruche. Avec toute la sympathie d'Albert Camus ».
La référence apicole est explicite pour cette ancienne sociétaire de la Comédie Française dont l'emblème est la ruche, symbole d'une créativité foisonnante. Camus fait ainsi écho tant à leur passion commune pour le théâtre qu’à leur première rencontre en 1943, lors de la représentation du Soulier de satin au « Français », mise en scène par son mari, Jean-Louis Barrault. 

En attribuant involontairement à Madeleine Renaud la fin du patronyme de son mari, Albert Camus souligne, sans le vouloir, la complicité de ce couple mythique du théâtre qui a fondé en 1946 la Compagnie Renaud-Barrault au Théâtre Marigny où fut créé L’Etat de siège avec une prestigieuse distribution. La musique est d'Arthur Honegger ; les décors et costumes sont de Balthus, Pierre Bertin interprétait le rôle de La Peste, aux côtés de Madeleine Renaud, Pierre Brasseur, Maria Casarès et Félicien Marceau entre autres.
Ce projet titanesque de « théâtre total », mêlant les arts comme aux grandes heures surréalistes, déconcerta le public et la critique. Malgré les 27 représentations, L’Etat de siège est le « premier chagrin de théâtre » de Jean-Louis Barrault. Camus ne lui en tient pas rigueur puisqu’il lui dédie la pièce dont il précise dans son avertissement : "S'il est vrai que j'ai écrit tout le texte, il reste que le nom de Barrault devrait, en toute justice, être attaché au mien." 
La sévérité de la critique envers ce drame symbolique s’explique en partie par un malentendu, consécutif à la publication du roman de Camus, La Peste, dont chacun pensait voir ici une adaptation théâtrale.
En réalité, ce thème, inspiré de l’épidémie de haine fasciste dont ils sont les témoins, hante également Jean-Louis Barrault depuis longtemps, et tandis que l’écrivain rédige son roman, l’homme de théâtre envisage une adaptation du Journal de l’année de la Peste de Daniel Defoe (ce même thème se retrouvera d’ailleurs en filigrane dans d’autres grandes œuvres d’après-guerre, dont Rhinocéros, Le Hussard sur le toit, Le Très-Haut ou Fin de Partie).

C’est ainsi durant l’hiver 1943, qu’Albert Camus rencontre pour la première fois Jean-Louis Barrault et Madeleine Renaud à l’occasion d’une représentation du Soulier de satin de Paul Claudel que les deux sociétaires montent et interprètent à la Comédie Française.
La mise en scène impressionne le jeune dramaturge qui compose alors sa première grande pièce, mais dont la passion du théâtre remonte à son « théâtre du travail » des années algériennes : « Il a fallu beaucoup de foi, d'intelligence et d'obstination pour monter cette énorme machine [...] sans vous une grande œuvre dormirait encore dans un livre, repliée sur elle-même. »
L'admiration fut réciproque, et ce ne sont que les réticences de la Comédie Française qui les empêchèrent de monter Caligula dont Albert Camus leur adressa immédiatement le manuscrit encore inédit. 

Après la Libération et la création du Théâtre Marigny, Jean-Louis Barrault et Albert Camus décidés à travailler ensemble entament « plus d’un an de travail ininterrompu, dans la collaboration la plus étroite » qui donnera naissance à cette pièce atypique, sans doute « trop en avance sur le théâtre de leur temps ».

Lorsque paraît L’Etat de siège, après deux mois de représentations, Camus adjoint un avertissement dans lequel il précise les grandes ambitions de ce théâtre collectif et transversal tel qu’il l’envisageait déjà dans Révolte dans les Asturies, préfiguration de cette pièce qui demeure sans doute son aventure scénique la plus audacieuse :
« Il ne s’agit pas d’une pièce de structure traditionnelle mais d’un spectacle dont l’ambition avouée est de mêler toutes les formes d’expression dramatique depuis le monologue lyrique jusqu’au théâtre collectif, en passant par le jeu muet, le simple dialogue, la farce et le chœur. »
Malgré l'échec de cette tentative, Camus n'abandonnera jamais son projet de "théâtre total". Deux jours après sa mort, il recevait d'André Malraux, alors ministre de la culture du Général de Gaulle, un avis favorable pour le projet qu’il lui avait soumis : la création d’une institution théâtrale d’un nouveau style dont il aurait été l’âme et l’animateur.

Plus encore que la référence à leur première rencontre, la dédicace complice de Camus à cette grande comédienne est l’exacte métaphore de sa conception philosophique et éthique du théâtre telle qu’il la définira lors d’un entretien radiophonique : « Une scène de théâtre est un des lieux du monde où je suis heureux. Le théâtre m’offre la communauté dont j’ai besoin (…). Cette dépendance mutuelle (…) fonde la solidarité du métier et donne corps à la camaraderie de tous les jours. Ici, nous sommes tous liés les uns aux autres sans que chacun cesse d’être libre, ou à peu près : n’est-ce pas une bonne formule pour la future société ? » 
Notons que la devise accompagnant la ruche de la Comédie Française est « Simul et Singulis » (« Être ensemble et être soi-même »). 

Superbe envoi emblématique de l’œuvre dramaturgique d’Albert Camus sur cette pièce  qui « est peut-être celui de mes écrits qui me ressemble le plus » (In Préface à l’édition américaine de Calligula and three other plays).
 

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Réf : 59703

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