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Autographe, Edition Originale

Alexandre DUMAS Manuscrit autographe signé, éloge de Corneille extrait de l'acte I du drame romantique "Christine"

Alexandre DUMAS

Manuscrit autographe signé, éloge de Corneille extrait de l'acte I du drame romantique "Christine"

vers 1830, 30,5x23cm, une feuille.


« Alors, dans son sentier profond et solitaire,
Passant sans se mêler aux enfants de la terre,
Il dit aux vents, aux flots, aux étoiles, aux bois,
Les chants de sa grande âme avec sa forte voix ; »
(vers 11 à 14 du manuscrit)



Précieux manuscrit autographe signé d'Alexandre Dumas, titré "Christine parlant de Corneille", 26 vers à l'encre sur un feuillet, petite déchirure en partie inférieure sans atteinte au texte.
Charmante et élogieuse tirade à propos du dramaturge Corneille, en alexandrins rimés, par le personnage de Christine de Suède dans l'acte I scène I de la pièce éponyme Christine, ou Stockholm, Fontainebleau et Rome d'Alexandre Dumas père. Certains passages de ce manuscrit diffèrent de l'édition originale du texte publiée en 1830 chez Barba.
Christine, drame historique en vers et en 5 actes avec prologue et épilogue, est la première grande pièce écrite par Alexandre Dumas, et son deuxième succès sur scène. Reçue au Théâtre-Français le 30 avril 1828, sa représentation fut sans cesse retardée, et triompha finalement de la censure le 30 mars 1830 lors de sa première au théâtre royal de l'Odéon, après la représentation d'Henri III et sa cour, pourtant écrit quelques mois plus tard. Dumas déroule en trois tableaux successifs (à Stockholm, puis à Fontainebleau et durant sa retraite à Rome), la vie de la reine Christine de Suède, s'attardant sur sa fameuse abdication et la trahison amoureuse de son favori Monaldeschi, qu'elle fera exécuter à la fin de la pièce. Christine fut encensée par Charles Nodier, qui la défendit devant le comité de la Comédie Française en ces termes : « Je déclare sur mon âme et conscience que Christine est l'une des œuvres les plus remarquables que j'aie lues depuis vingt ans ».
Le manuscrit correspond à la deuxième tirade de Christine dans la toute première scène de l'acte I, alors encore à la tête de son royaume de Suède. Personnage typique des drames historiques de Dumas, c'est une femme de pouvoir, forte et redoutable, partagée entre puissance et séduction. La reine exprime ici sa vive admiration pour Corneille, qui apparaîtra dans le troisième acte, invité en son palais de Fontainebleau. Christine de Suède s'est en effet entourée de savants et d'écrivains tout au long de sa vie : Dumas rend avec cette pièce un hommage appuyé aux deux Français qui la côtoyèrent, Descartes le philosophe et personnage principal du prologue de la pièce, et ici Corneille le dramaturge. Les élégants alexandrins reviennent sur les scandales qui ont suivi la réception d'Horace ("La foule entend ces chants, elle crie au délire, / Et, ne comprenant pas, elle se prend à rire"), ainsi que sur le génie incompris de son auteur, qui fut sifflé par l'Académie – on peut d'ailleurs se demander si ce n'est une pique dirigée contre l'Académie moderne, dont Dumas subira les sévices. Dans un esprit très romantique, Dumas s'attache aux personnages talentueux et décriés, et en fera un thème récurrent au cours des dix premières années de sa production théâtrale. Corneille fait ici l'objet d'un exercice de style néo-classique d'une grande finesse :
"Il part majestueux, et qui le voit d'en bas,
Qui tente de le suivre, et qui ne le peut pas,
Le sentant échapper à son regard qu'il lève,

Pense qu'il diminue à cause qu'il s'élève,
Croit qu'il a du rester où le perd son adieu,
Cherche dans la nuée... Il est aux pieds de Dieu !
"
On connaît une infinité de versions de la pièce, constamment remaniée et particulièrement appréciée de son auteur ; la pièce fut originellement intitulée Christine à Fontainebleau, puis modifiée par Dumas qui en affaiblit le thème unique – le dilemme politique – par la création d'une intrigue amoureuse qui n'existait pratiquement pas dans la tragédie initiale. Dans ses mémoires, il racontera même comment, le soir de la première, Victor Hugo et Alfred de Vigny avaient réécrit en partie le texte, l'allégeant de quelques centaines de vers. Ce manuscrit se rapproche de l'édition originale de la pièce, comportant tout de même d'infimes changements au vers 5 (« Au-dessous de ces mots, la même main écrit » devient dans cette version manuscrite « Au même livre aussi la même main écrit ») et au vers 25 (« Croit qu'il doit s'arrêter où le perd son adieu » devient « Croit qu'il a du rester où le perd son adieu »). Elle fut finalement baptisée Stockholm, Fontainebleau et Rome, dans sa version publiée, abandonnant sa première étiquette de tragédie classique par l'adoption du sous-titre « trilogie dramatique ». Contemporaine d'Hernani et publiée chez le même éditeur, elle mêle pourtant les deux genres au point de confondre le comité de la Comédie-Française (« Le comité est bien embarrassé […] Il ne sait pas si la pièce est classique ou romantique », ce à quoi Dumas répliqua : « Pourquoi se préoccupe-t-il d'une question de mots ? est-elle bonne ? est-elle mauvaise ? Voilà tout. »). Notre extrait manuscrit illustre parfaitement ce phénomène et offre une intéressante mise en abyme du classicisme au sein d'un drame incontestablement romantique, Alexandre Dumas ayant inséré Corneille en tant que propre acteur d'une pièce historique.


Sublime témoignage de la première grande œuvre dramatique ambitieuse de Dumas, où classicisme et romantisme se côtoient et se défient.  


 
 


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Réf : 66412

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