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Autographe, Edition Originale

Guy de MAUPASSANT Lettre autographe signée et enveloppe adressée à la Comtesse Potocka : « Et cela, madame, n'est pas de la pose, en prose. »

Guy de MAUPASSANT

Lettre autographe signée et enveloppe adressée à la Comtesse Potocka : « Et cela, madame, n'est pas de la pose, en prose. »

s.l. [Paris] s.d. [février 1886], 9,8x15,5cm, 5 pages sur 2 feuillets.


Drôle et émouvante lettre à la fois littéraire et amoureuse, 122 lignes à l'encre noire sur deux feuillets dont un remplié, enveloppe jointe.
Publiée dans Marlo Johnston, « Lettres inédites de Maupassant à la comtesse Potocka », Histoires littéraires, n°40, octobre-novembre-décembre 2009.
Maupassant, à Antibes à l'occasion d'un mariage, adresse une étonnante lettre à la Comtesse Potocka. Elle est à la fois son amie et une femme qu'il courtise par goût ou mondanité. De son côté, elle l'intègre rapidement à son groupe de « Macchabées », un cercle composé de soupirants sur lequelle elle règne en maîtresse absolue.
Il gourmande Potocka pour sa bienveillance envers une nouvelle récemment parue, Mademoiselle Perle : « J'ai été bien longtemps, Madame, sans vous écrire parce que vous m'avez révolté – littérairement – en me faisant des compliments sur Melle Perle, une ordure, j'en suis certain. » Il se sent tout à fait habilité à critiquer son  ouvrage : « J'ai le droit d'être sévère étant donné le nom de l'auteur […] »
Il soupçonne l'entourage masculin de la Comtesse d'influencer son jugement : « Certes vous avez été influencée par les hommes considérables et incompétents que vous honorez de votre confiance pour avoir apprécié ainsi cette nouvelle digne d'un prix Mointhyon (Je ne sais même pas comment on écrit Montyon) autant par la forme que le fond. » Maupassant reprend son procédé précédent : il se met à distance d'un groupe dont il fait pourtant partie. Il est lui aussi des salons de la Comtesse, il ne diffère en rien des « hommes considérables » qu'il cite. Le prix Montyon qu'il prétend ne pas savoir orthographier, est une récompense littéraire destinée aux ouvrages « les plus utiles aux mœurs ».
Il avoue pourtant quelques lignes plus loin : « J'ai voulu prouver que tout le monde confond la littérature avec la Vertu – alors qu'elles n'ont rien en commun. » Une entreprise que l'on peut qualifier de morale. Mais la morale chez Maupassant cède devant l'écriture : « Eh bien, après cet essai déloyal j'opte pour la littérature. »
Mademoiselle Perle a été publiée à peine un mois plus tôt, le 16 janvier 1886 dans le Figaro. Malgré tout, il se lance dans une critique lapidaire et drôle de son texte, sans manquer d'égratigner sa correspondante au passage : « Comment avez-vous pu juger avec bienveillance l'histoire aussi banale qu'invraisemblable de cette famille d'imbéciles vivant derrière l'Observatoire comme au fond de la province - (Comme c'est neuf) […] Oh ! Oh ! Oh ! Ah ! Ah ! Ah ! que voilà une fable ingénieuse ! Et la révélation a lieu d'une façon charmante, au sujet d'un gâteau des rois ! L'une pleure dans un linge à craie, ce qui est d'un comique sur, et l'autre reconnaissant, tombe à terre comme une écharpe, ce qui est d'un effet certain ! » Il ne semble trouver aucune grâce à son ouvrage malgré son succès : « Certes l'invention de ce fabliau à la Berquin est d'une certaine platitude, l'observation d'une parfaite inexactitude, le développement d'une naïveté attendrissante, qui a attendri tout le monde. Car j'ai reçu beaucoup de lettres. »
Qu'importe le succès car selon Maupassant, le danger est tout autre : « je dis qu'en écrivant de pareilles sucreries vertueuses sans trouvailles d'aucune sorte, sans composition artiste et même sans adresse de plume on arrive peut-être… à l'académie. Mais c'est tout, et pas assez. » Il s'excuse de faire le difficile : « Voilà comme je suis grincheux dans ma solitude où la vie n'est pas gaie. Je travaille ; je travaille beaucoup ; j'ai mal aux yeux, mal à l'estomac, mal aux reins ; et mon cœur bat jour et nuit. » Il reproche à sa correspondante les manières dont elle use avec lui comme avec ses autres soupirants du groupe des « Macchabées ». Il pense « […] très souvent, avec une certaine tristesse à une femme dont je voudrais bien être vraiment, sincèrement l'ami, mais dont la bienveillance à mon égard est si variable que l'amitié avec elle a un équilibre de danseur sur la corde raide. »
Mais il se venge quelques lignes plus loin, en évoquant ses visites à ses amies Marie Kann et Mme Legrand (Marie-Clothilde Legrand, comtesse de Fournès) puis son ami le peintre Henri Gervex : « que Mme Legrand porte de duc en duc de Prince en Prince, est en train de devenir, à l'aide de son hôtesse qui le croit ravi, un communard régicide, bien qu'on l'ait fait passer, dans ce monde, pour un catholique pratiquant. » Enfin après ses quelques traits humoristiques, il reprend son attitude sombre, nettement aggravée lors de ses dernières années qui lui reste à vivre : « je ne sors guère, qu'en noir et je m'ennuie tellement, à la seule pensée de tout ce que je pourrais faire pour me distraire, que je n'ai même plus guère le courage de me mouvoir.  Et cela, madame, n'est pas de la pose, en prose.»

Provenance : collection Jean Bonna.

VENDU

Réf : 60513

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