BOUQUET (sculpsit)
DESCRIPTION DE L'EGYPTE. Mammifères. Chauve-souris d'Égypte, Nyctère de la Thébaïde, Rhinolophe trident, Nyctinôme d'Égypte, Taphien perforé, Vespertilion pipistrelle, Taphien filet. (Histoire Naturelle, planche 4)
Imprimerie Impériale, Paris 1809-1829, 70x53,5cm, une feuille.
Gravure originale à l'eau-forte in plano, non rognée, extraite de l'édition dite « Impériale » de la
Description de l'Égypte ou Recueil des observations et recherches faites en Égypte pendant l'expédition française, publié par les ordres de Sa Majesté l'Empereur Napoléon le Grand.
Réalisée entre février 1802 et 1829 sur ordre de Napoléon Bonaparte et publiée à partir de 1809 [en réalité 1810], elle fut tirée à 1000 exemplaires sur Vergé filigrané « Égypte ancienne et moderne
» et offerte aux institutions.
Planche appartenant à la série des Mammifères, dont l'étude fut réalisée par Étienne Geoffroy Saint-Hilaire (1772-1844), naturaliste français qui participa à la campagne d'Égypte, et recueillit à cette occasion de nombreuses observations sur les mammifères, les reptiles et les poissons notamment.
Infimes et marginales piqûres sans atteinte à la gravure, deux trous de ver en marge gauche, sinon excellent état de fraîcheur et de conservation.
Volume HISTOIRE NATURELLE, mammifères :Ces gravures montrent le génie scientifique des savants français à l’œuvre sur le sol égyptien, préparant celui-ci à devenir une colonie française. Ce projet colonisateur en gestation depuis le règne de Louis XIV s’accompagne avec l’arrivée de Bonaparte d’une étude approfondie de la faune et la flore à travers les travaux des plus grands naturalistes, minéralogistes, entomologistes de l’époque. La
Description de l’Egypte révèle l’intégralité de cette immense entreprise scientifique au fil de ses gravures, d’après les dessins des membres de l’Académie des sciences dont Etienne Geoffroy Saint-Hillaire, Alire Raffenau-Delile ou Henri-Joseph Redouté. Selon les mots de Geoffroy Saint-Hilaire « Nous avons recueilli les matériaux du plus bel ouvrage qu’une nation ait pu faire entreprendre. En déplorant le sort de tant de braves guerriers, qui après tant de glorieux exploits ont succombé en Egypte, on se consolera par l’existence d’ouvrages aussi précieux. »
LA DESCRIPTION DE L'EGYPTE, édition IMPERIALE (1809-1829) :La Description de l’Egypte est un des chefs d’œuvre de l’édition française et le point de départ d’une nouvelle science : l’égyptologie. Titanesque exposé de l’Egypte au temps des conquêtes de Bonaparte entre 1798 et 1799, elle est répartie en 23 volumes dont 13 volumes de gravures rassemblant près de 1000 planches en noir et 72 en couleur. Les 6 volumes de planches intitulées Antiquités sont consacrés aux splendeurs de l’Egypte pharaonique. L’Histoire naturelle est répartie en 3 volumes de gravures. Un volume est consacré aux Cartes géographiques et topographiques tandis que les 3 volumes : Etat Moderne dressent un portrait saisissant de l’Egypte copte et islamique telle qu’elle était vue par les armées d’Orient de Bonaparte. La « campagne d’Egypte », désastre militaire, dévoile à travers les gravures de la
Description de l’Egypte la réussite scientifique qu’elle est devenue, grâce aux quelques 167 savants membres de la Commission des sciences et des arts de l’Institut d’Egypte qui suivaient l’armée de Napoléon. L’Institut a réuni en Egypte le mathématicien Monge, le chimiste Berthollet, le naturaliste Geoffroy Saint-Hilaire, ainsi que de nombreux artistes, ingénieurs, architectes, médecins… Ils eurent la charge de redécouvrir l’Egypte moderne et antique, d’en montrer les richesses naturelles, et le savoir-faire de ses habitants.
L’édition originale, dite « Impériale », de la
Description de l’Egypte fut réalisée sur quatre formats de grande taille, deux d’entre eux spécialement créés pour elle et baptisés formats « Moyen-Egypte » et « Grand-Egypte ». On construisit une presse spécifique pour son impression, qui s’étala sur vingt ans, entre 1809 et 1829. L’édition Impériale s’avéra si populaire qu’une deuxième édition en 37 volumes entièrement en noir et sans le filigrane « Egypte ancienne et moderne », dite édition « Panckoucke », fut publiée à partir de 1821 par l’imprimerie C.-L.-F. Panckoucke (Paris).
La réalisation de ce monument d’érudition doit beaucoup au baron Dominique Vivant Denon, illustrateur, diplomate, collectionneur et par la suite directeur du musée Napoléon du Louvre qui accompagna Napoléon en Egypte avec de nombreux autres savants mais décida seul de s’aventurer dans le Sud du pays, alors que les autres scientifiques conviés restaient confinés dans la région du Caire. Les fabuleux croquis rapportés par Denon lors de sa romanesque chevauchée donnèrent l’idée à Bonaparte d’y envoyer les autres membres de l’Institut et ainsi dresser un portrait fidèle et complet du territoire. A la suite de Denon, ce sont donc les plus grands scientifiques et artistes français qui s’aventurèrent le long du Nil jusqu’en Nubie. Parmi eux, le peintre au muséum d’histoire naturelle H.J. Redouté (frère de Pierre-Joseph Redouté, auteur des
Roses), le minéralogiste Dolomieu, le dessinateur Joly, et les ingénieurs Fourier et Costaz, chargés de l’étude scientifique des vestiges antiques de Haute-Egypte.
Sans doute pour la première fois réunie dans une telle expédition, l’élite scientifique et artistique française, composée de plus de 160 « savants » dont près de 50 artistes, étudie méthodiquement l’Egypte pendant trois ans. Ils réalisent alors, sous l’égide et à la gloire de Napoléon, la plus vaste analyse historique, géographique, scientifique, économique et ethnologique jamais réalisée sur un pays. Mais ce sont peut-être les gravures qui constituèrent le défi technique majeur de cette
Description de l’Egypte, comme en témoigne Yves Laissus, commissaire de l’exposition organisée en 2009 par la RMN et le Musée de l’Armée aux Invalides :
« L'illustration, 836 planches dont une soixantaine en couleurs, gravées à l'eau forte et au burin dans des formats jusqu'alors inusités (le plus grand couvre près d'un mètre carré), a nécessité la construction de nouvelles formes et cuves pour la fabrication du papier, justifié l'invention, par Nicolas Conté, d'une machine destinée à alléger la besogne des graveurs, et exigé la réalisation de nouvelles presses capables d'imprimer ces images immenses. Certaines d'entre elles ont demandé deux années de travail. Près de 200 graveurs ont reproduit sur le cuivre les œuvres de 62 dessinateurs dont 46 ont participé à l'expédition. »
Rare et superbe gravure originale d’une exceptionnelle facture et qualité graphique, témoignage d’une des plus ambitieuses aventures éditoriales françaises.