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Autographe, Edition Originale

Maurice BLANCHOT Correspondance complète de Maurice Blanchot avec sa mère, sa soeur Marguerite, son frère René et sa nièce Annick.

Maurice BLANCHOT

Correspondance complète de Maurice Blanchot avec sa mère, sa soeur Marguerite, son frère René et sa nièce Annick.

S.n., s.l. s.d. (1940-1991), Formats divers, ensemble constitué d'environ 1000 lettres complètes et 400 lettres amputées.


Exceptionnel ensemble de plus de 1 200 lettres autographes signées de Maurice Blanchot, adressées essentiellement à sa mère Marie, sa sœur Marguerite et sa nièce Annick ainsi que quelques lettres adressées à son frère René et sa belle-sœur Anna. Nous joignons quelques lettres adressées aux mêmes correspondants, mais en partie mutilées, par la famille, des passages trop intimes. Cet ensemble fut conservé par Marguerite Blanchot avec les livres que son frère lui a dédicacés et les premiers manuscrits romanesques et critiques de Maurice Blanchot.
Cette correspondance complète et unique, jusqu'alors totalement inédite et inconnue des bibliographes, couvre la période de 1940 à 1994.
Les premières, plus de 230, écrites entre 1940 et 1958 – date du décès de Marie Blanchot –, sont adressées à sa mère et à sa sœur qui vivaient ensemble dans la maison familiale de Quain.
Puis, à partir de 1958 jusqu'en 1991, près de 700 lettres adressées à Marguerite sont complètes et de nombreuses autres sont mutilées.
Dans les années 1970, 8 lettres adressées à son frère René et à sa belle-sœur Anna chez qui il s'installera ensuite, ont également été conservées par Marguerite.
Enfin, un important ensemble de lettres écrites à partir de 1962, sont adressées à sa nièce Annick et son fils Philippe, petit-fils de Georges, le deuxième frère de Maurice.
Si l'intense affection de Blanchot pour sa mère et sa sœur transparaît dans les dédicaces de celui-ci, on ne sait presque rien de leurs relations. Dans l'unique essai biographique sur Blanchot, Christophe Bident nous révèle cependant : « Marguerite Blanchot vénérait son frère Maurice. Très fière de lui, […] elle attachait une grande importance à ses idées politiques […]. Elle lisait beaucoup […] Ils se téléphonaient, correspondaient. à distance, ils partageaient la même autorité naturelle, le même souci de discrétion. » Blanchot lui adresse en effet de nombreux ouvrages provenant de sa bibliothèque, maintenant avec elle un lien intellectuel continu.
Les très nombreuses lettres adressées par Maurice à sa sœur révèlent une complicité intellectuelle et une confiance que l'écrivain n'accordera à presque aucun autre proche.
La part biographique, qui domine la composition de chaque lettre, révèle l'univers intime, inconnu jusqu'alors, du plus secret des écrivains. En effet, le frère s'avère aussi disert avec sa sœur et sa mère que l'intellectuel est discret avec les autres. Même ses amis les plus proches n'ont ainsi pu que deviner les problèmes de santé majeurs que Blanchot eut à affronter durant sa vie et qui sont ici exposés dans le détail.
Cependant, ces propos intimes ne sont que le fond d'écriture de cette correspondance qui a également pour fonction de partager l'actualité du monde intellectuel, politique et social que Maurice Blanchot décrypte pour cette sœur qui a sacrifié à leur mère son indépendance et la reconnaissance artistique auxquelles cette organiste de renom pouvait prétendre.
Ainsi, des années d'Occupation à la Guerre d'Algérie, de Mai 68 à l'élection de Mitterrand, Blanchot traduit pour sa sœur et sa mère l'intense et complexe actualité du monde, leur fait part de ses observations objectives comme de ses affinités intellectuelles, et justifie auprès d'elles ses prises de positions et ses engagements.
Témoignage sans fard et sans cette posture imposée par son statut d'intellectuel, la correspondance de Blanchot à sa famille présente également une autre particularité unique : elle est sans doute la seule trace écrite de la profonde sensibilité de celui dont on ne connaît que l'extrême intelligence. Cette raison du cœur nous révèle ainsi un Maurice merveilleusement bienveillant envers les convictions religieuses de sa sœur et de sa mère. Et c'est sans pudeur que le frère ponctue ses lettres de marques explicites de l'intense affection qu'il éprouve pour ces deux femmes pourtant si différentes de ceux qui constituent son entourage intellectuel.
Ce précieux fonds couvre la période entre 1940 et la mort de Marguerite en 1993. Il n'existe presque aucune trace d'une correspondance datant d'avant cette période hormis une lettre à sa marraine en 1927, ce qui laisse soupçonner qu'elle aurait été détruite, peut-être par la volonté de Blanchot lui-même.
Parmi les lettres adressées à sa mère et à sa sœur, nous avons relevé quelques grands thèmes récurrents.
Lettres de guerre dans lesquelles Blanchot se veut à la fois fils rassurant et intellectuel lucide :
« Est-ce la mort qui approche et qui me rend insensible au froid plus modeste de l'existence ? »
« Il n'y a pas de raison de désespérer. » Au pire, dit-il, « nous nous regrouperons sur nos terres. Nous trouverons un petit îlot où vivre modestement et sérieusement » ; « la politique ne va pas fort. L'histoire de la Finlande m'inquiète beaucoup ».
« À la répression succèdent les représailles […] Cela ira de mal en pis. »
Nouvelles plus personnelles relatant sa participation et ses déboires avec les revues :
Aux Écoutes de son ami Paul Lévy dont il relate la fuite pour la zone libre,
– le Journal des Débats et les bouleversements politiques qui le modifie,
– sa démission de Jeune France au retour de Laval,
 
 
– son implication dans la survie de la Nrf et les enjeux politiques de celle-ci en cette période troublée.
« Il est absolument certain qu'il n'y aura pas dans la revue un mot qui, de près ou de loin, touche à la politique, et que nous serons préservés de toute “influence extérieure”. À la première [ombre ?] qui laisserait entendre que ces conditions ne sont pas respectées, je m'en vais. »
Une lettre étonnante concernant l'épisode tragique qui deviendra le sujet de son dernier récit, L'Instant de ma mort   « Vous ai-je dit qu'à force de déformations et de transmissions amplifiées, il y a maintenant dans les milieux littéraires une version définitive sur les événements du 29 juin, d'après laquelle j'ai été sauvé par les Russes ! C'est vraiment drôle […] de fil en aiguille j'ai pu reconstituer la suite des événements ». Il raconte ensuite assez longuement ceux-ci à sa mère et à sa sœur, et à quelques détails près, on retrouve le récit contenu dans L'Instant de ma mort. « Et voilà […] notez comme la vérité est tournée à l'envers. … En tout cas c'est certainement ainsi ou peut-être sous une forme plus extravagante que nos biographes futurs raconteront ces tristes événements ».
Cette lettre extraordinaire jette une lumière très énigmatique sur un événement qu'on ne connaît de toutes manières que sous sa forme romancée. À la base de la fiction on trouve… une autre fiction !
Lettres de la Libération à travers lesquelles Blanchot manifeste notamment son inquiétude pour le sort d'Emmanuel Levinas :
« Son camp a été libéré, mais lui-même (à ce qu'un de ses camardes a affirmé à sa femme) ayant refusé de participer à des travaux, … avait été envoyé dans un camp d'officiers réfractaires. On craint qu'il lui soit arrivé “quelque chose” en route (et cela le 20 mars). […] Impénétrable destin. »
Il évoque également les grandes figures intellectuelles émergentes, amis ou non :
Sartre : « Il y a une trop grande distance entre nos deux esprits. »
Char : « L'un des plus grands poètes français d'aujourd'hui, et peut-être le plus grand avec Éluard. »
Ponge qui lui demande « une étude à paraître dans un ensemble sur la littérature de demain ».
Et Thomas Mann dont la mort en 1955 l'affecte personnellement : « C'était comme un très ancien compagnon. »
Observateur du monde politique, il manifeste un intérêt bienveillant mais déjà méfiant pour le général de Gaulle. « Comme homme, c'est vraiment une énigme. Il est certain que seul l'intérêt du bien public l'anime, mais en même temps, il reste si étranger à la réalité, si éloigné des êtres, si peu fait pour la politique qu'on se demande comment cette aventure pourrait réussir. […] Quand on va le voir, il ne parle pour ainsi dire pas, écoute mais d'un air de s'ennuyer prodigieusement. [...] Il est toujours en très bons termes avec Malraux qui joue un très grand rôle dans tout cela. En tout cas, les parlementaires vivent dans la crainte de cette grande ombre. »
Mais son regard sur l'avenir du pays reste sévère : « La France n'est plus qu'un minuscule pays qui selon les circonstances, sera vassal de l'un ou de l'autre. Enfin, on ne peut pas être et avoir été. » Néanmoins, il sera attentif au sort du ministère Mendès-France, dont il anticipe la chute quand il écrit : « Il sera probablement mort demain, tué par la rancune, la jalousie et la haine de ses amis, comme de ses ennemis. »
Correspondance d'après-guerre.
L'année 1949 marque un tournant : « Pour mener à bien ce que j'ai entrepris, j'ai besoin de me retirer en moi-même, car la documentation livresque n'est profitable qu'à condition d'être passée par l'alambic du silence et de la solitude. » Suivent de longues réflexion sur son rapport à l'écriture et au monde : « Je sais que la vie est pleine de douleurs et qu'elle est, dans un sens, impossible : l'accueillir et l'accepter … dans l'exigence d'une solitude ancienne, c'est le trait qui a déterminé mon existence peut-être en accord avec cette part sombre, obscure en tout cas, que nous a léguée le cher papa. »
« Mon sort difficile est que je suis trop philosophe pour les littérateurs et trop littéraire pour les philosophes. »
« Je suis radicalement hostile à toutes les formes de l'attention, de la mise en valeur et de la renommée littéraires – non seulement pour des raisons morales, mais parce qu'un écrivain qui se soucie de cela n'a aucun rapport profond avec la littérature qui est, comme l'art, une affirmation profondément anonyme. »
Engagement intellectuel sur l'Algérie.
« Quels lamentables et stupides égoïstes que les gens d'Algérie. » ( 17 mai 1958) « Et là-dedans l'intervention du Général qui achève la confusion. »
Au lendemain de l'ultimatum lancé par les conjurés d'Alger le 29 : « Mon indignation est profonde, et je n'accepterai pas aisément que nous ayons pour maîtres à penser des légionnaires qui sont aussi, dans bien des cas, des tortionnaires »
« Le 14 juillet n'est pas destiné à continuer de paraître – c'est plutôt une bouteille à la mer, une bouteille d'encre bien sûr ! »
« Quant à notre sort personnel, il ne faut pas trop s'en soucier. Dans les moments où l'histoire bascule, c'est même ce qu'il y a d'exaltant : on n'a plus à penser à soi. »
« Cette histoire d'Algérie où s'épuisent tant de jeunes vies et où se corrompent tant d'esprits représente une blessure quasiment incurable. Bien difficile de savoir où nous allons. »
« C'est bien étrange cette exigence de la responsabilité collective [Manifeste des 121] qui vous fait renoncer à vous-même, à vos habitudes de tranquillité et à la nécessité même du silence. »
Engagement physique en Mai 68.
« J'ai demandé qu'on envoie un télégramme à Castro : “Camarade Castro, ne creuse pas ta propre tombe”. »
« Et je t'assure – pour y avoir été à maintes reprises – que ce n'est pas drôle de lutter avec des milliers et des milliers de policiers déchaînés… : il faut un énorme courage, un immense désintéressement. À partir de là s'établit une alliance qui ne peut se rompre. »
 « Depuis le début de mai, j'appartiens nuit et jour aux événements, bien au-delà de toute fatigue et, aujourd'hui où la répression policière s'abat sur mes camarades, français et étrangers (je ne fais pas entre eux de différence), j'essaie de les couvrir de ma faible, très faible autorité et, en tout cas, d'être auprès d'eux dans l'épreuve. »
 « Cohn-Bendit (dont le père du reste est Français, ses parents ayant fui la persécution nazie en 1933), en tant que juif allemand, est deux fois juif, et c'est ce que les étudiants, dans leur générosité profonde, ont bien compris. »
« Voilà ce que je voulais te dire en toute affection afin que, quoi qu'il arrivera, tu te souviennes de moi sans trouble. L'avenir est très incertain. La répression pourra s'accélérer. N'importe, nous appartenons déjà à la nuit. »
« Nous sommes faibles et l'État est tout-puissant, mais l'instinct de justice, l'exigence de liberté sont forts aussi. De toute manière, c'est une bonne façon de terminer sa vie. »
Les années 1970, 1980 et 1990, marquées par de rudes épreuves, sont imprégnées d'un pessimisme grandissant. « L'avenir sera dur pour tous deux [ses neveux], car la civilisation est en crise, et personne ne peut être assez présomptueux pour prévoir ce qu'il arrivera. Amor fati, disaient les stoïciens et disait Nietzsche : aimons ce qui nous est destiné. »
« Je suis seulement dans la tristesse et l'anxiété du malheur de tous, de l'injustice qui est partout, m'en sentant responsable, car nous sommes responsables d'autrui, étant toujours plus autres que nous-mêmes. »
Avec toujours une grande préoccupation pour la politique internationale... : « Tout le monde est contre Israël, pauvre petit peuple voué au malheur. J'en suis bouleversé. » « Sa survie est dans la vaillance, sa passion, son habitude du malheur, compagnon de sa longue histoire. »
« Comme toi je suis inquiet pour Israël. Je ne juge pas les Arabes ; comme tous les peuples, ils ont leur lot de qualités et de défauts. Mais je vis dans le sentiment angoissé du danger qui menace Israël, de son exclusion, de sa solitude, il y a, là-bas, un grand désarroi, ils se sentent de nouveau comme dans un ghetto : tout le monde les rejette, le fait pour un peuple, né de la souffrance, de se sentir de trop, jamais accepté, jamais reconnu, est difficilement supportable. »
... ou nationale : « Mitterrand reste à mes yeux le meilleur président de la République que nous puissions avoir : cultivé, parlant peu, méditant, les soviets le détestent. »
Mais ce sont sans doute les lettres les plus personnelles, dans lesquelles il témoigne de son amour et de sa profonde complicité avec ses correspondants qui révèlent la plus intéressante et la plus secrète personnalité de Maurice Blanchot. Lorsque, confronté aux tragédies de la vie, le fils, frère ou oncle exprime son amour et son empathie profonde, loin du prosaïsme impuissant et des lieux communs qui sont la défense naturelle de l'homme face au malheur, Maurice offre humblement à son correspondant, pour « penser » ses plaies de l'âme, des mots la plus haute expression de l'intelligence : la poésie.
 « Je pense à toi de tout cœur, et je suis près de toi quand vient la nuit et que s'obscurcit en toi la possibilité de vivre. C'est cela, mon vœu de fête. C'est aussi pourquoi, à ma place, et selon mes forces qui sont petites, je lutte et lutterai : pour ton droit à être librement heureuse, pour le droit de tes enfants, à une parole absolument libre. »
« Attendons chère Annick, tu as raison, c'est souvent le silence qui parle le mieux. Les morts aussi nous apprennent le silence. Partageons avec eux ce privilège douloureux. Oncle Maurice. »

VENDU

Réf : 52360

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